Selon le quotidien Le Monde, L'Elysée, qui planche sur une réforme en faveur de la compétitivité, se dirige vers une baisse massive des cotisations patronales, de 40 milliards d'euros sur cinq ans, pour réduire le coût du travail, financée par une hausse probable de la CSG.

Dans son édition datée de jeudi, le quotidien écrit : « Les entreprises bénéficieraient d'un allégement du coût du travail d'une quarantaine de milliards d'euros, avec le basculement de cotisations employeurs sur un impôt plus large, la piste la plus sérieuse étant celle de la contribution sociale généralisée (CSG) ». « Pour ne pas trop entamer le pouvoir d'achat des ménages, l'Elysée souhaite étaler ce transfert de charges sur la durée du quinquennat, à raison de 8 à 10 milliards d'euros par an », ajoute-t-il.

Ce « choc de compétitivité » progressif permettrait de baisser par exemple les cotisations familiales patronales de 5,4 points, uniquement sur les salaires compris entre 1,6 et 2,2 fois le Smic « de façon à ce que les entreprises exposées à la concurrence en bénéficient », selon Le Monde.

Débats au sein du gouvernement

Interrogée sur ce scénario, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem s'est bornée à réaffirmer que l'exécutif entend « avancer vite sur la question de la compétitivité » sans la réduire à « une question de coût du travail ». Les ministres peuvent « réfléchir aussi d'eux-mêmes à des solutions possibles », a-t-elle esquivé.

Une réunion sur ce dossier était prévue mercredi après-midi autour du Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Le Monde précise en effet que les arbitrages peuvent encore évoluer, d'autant que les ministères n'ont pas tous le même avis, à commencer par celui du Redressement productif qui plaide pour un « système où chaque investissement productif donne lieu à un crédit d'allègement de charges ». Le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac n'est de son côté pas un fervent partisan d'une hausse de la CSG, a affirmé une source gouvernementale à l'AFP.

Le rapport Gallois attendu mi-octobre

Le commissaire général à l'Investissement Louis Gallois doit remettre mi-octobre au gouvernement un rapport sur la compétitivité. L'ex-patron d'EADS avait plaidé début juillet, peu avant que lui soit confiée cette mission, pour un tel « choc de compétitivité » de 30 à 40 milliards.

Selon l'un de ses récents interlocuteurs, Louis Gallois proposerait de financer cet abaissement de cotisations patronales par un « mix » de prélèvements, avec une grande part de la CSG, un peu de taxes écologiques et un peu de hausses ciblées de la TVA. Augmenter la CSG d'un point rapporte environ 11 milliards de recettes supplémentaires. Il envisagerait aussi d'abaisser les cotisations sur les salaires jusqu'à quatre fois le Smic, afin de viser les jeunes ingénieurs.

De son côté, un Haut Conseil pour le financement de la protection sociale doit dresser un état des lieux cet automne. Le président François Hollande a promis des décisions avant la fin de l'année sur ce dossier délicat, pour une réforme qui verrait probablement le jour début 2013.