Imad Lahoud a redit lundi, devant la cour d'appel de Paris, avoir ajouté en 2004 le nom de Nicolas Sarkozy sur les listings Clearstream dans le bureau de l'ex-patron des RG, Yves Bertrand, au ministère de l'Intérieur, sur la demande insistante de l'ex-vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin.

Yves Bertrand, qui a toujours démenti cette version, était alors inspecteur général dans l'administration policière et avait un bureau au ministère de l'Intérieur, alors dirigé par Nicolas Sarkozy.

« Rajouter le nom du ministre de l'Intérieur au ministère de l'Intérieur? (...) Excusez-moi l'expression, mais c'est drôlement culotté! (...) Il n'y avait pas d'autre endroit?! » s'interroge Mireille Filippini, une des deux juges assesseurs. « Je crois que c'est vraiment pour cela que Jean-Louis Gergorin a choisi ce lieu, pour que je ne me pose pas de question », a répondu le mathématicien. « On peut toujours désobéir, j'ai eu la faiblesse de ne pas le faire et je m'en excuse encore aujourd'hui. »

Selon Imad Lahoud, l'ex-vice-président d'EADS, Jean-Louis Gergorin serait le manipulateur

Selon Imad Lahoud, c'est Jean-Louis Gergorin qui est à l'origine de la manipulation qui a consisté à rajouter des noms de personnalités, dont celui de Nicolas Sarkozy, sur des listings bancaires, afin de faire croire qu'ils trempaient dans de sombres affaires mafieuses. « Depuis un petit moment, Jean-Louis Gergorin me demandait (...) de rajouter les noms de Nicolas Sarkozy. Je refusais sans cesse » mais il « se faisait insistant ». Alors un jour, en mars 2004, « j'ai été convoqué dans le bureau de Jean-Louis Gergorin, manu militari, c'est-à-dire qu'il me dit: +Vous lâchez tout, vous arrivez+ ». « Là, je me rends (...) dans son bureau de Montmorency » et « on repart avec son chauffeur au ministère de l'Intérieur. Nous sommes allés voir Yves Bertrand, et dans son bureau, j'ai rajouté les patronymes de M. Sarkozy, sur la demande de Jean-Louis Gergorin ».« Je sais, aujourd'hui, c'est totalement incompréhensible », ajoute Imad Lahoud, mais « Jean-Louis Gergorin savait que j'hésitais, que je ne voulais pas le faire », alors « il a voulu le faire au ministère de l'Intérieur. (...) Il m'a tordu la main pour faire cette chose. »

Réponse de Jean-Louis Gergorin: « cette scène est tout à fait fantasmagorique ».