Le président de deux coopératives de croissance bretonnes, permettant de lever des fonds auprès d'investisseurs pour financer des PME, a été mis en examen jeudi pour notamment "abus de confiance, abus de biens sociaux et escroquerie en bande organisée", a-t-on appris jeudi auprès de sources judiciaires.

Une information judiciaire a été ouverte et les trois juges d'instruction de la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS) de Rennes ont été saisis, afin d'éclaircir les circuits financiers des coopératives créées il y a deux ans par Jean-Jacques Defaix, également président de l'association d'aide contre les abus bancaires (AACAB).

A l'origine de l'affaire, un signalement par un organisme bancaire breton d'importants mouvements de fonds, jugés suspects, à la cellule gouvernementale de lutte anti-blanchiment Tracfin qui, à son tour, a saisi le procureur de Quimper. Le montant des placements collectés ces derniers mois auprès de plus de 2.000 épargnants et entreprises, « n'ont pas forcément servi au tissu économique » local, selon le parquet.

« On cherche encore où l'argent a été placé », a déclaré le procureur de Quimper Eric Tuffery confirmant une information du Télégramme et de Ouest-France. Selon le quotidien finistérien, la promesse d'un rendement de 6% aurait permis de réunir 32 millions d'euros, saisis dans le cadre de la procédure. La justice s'intéresse notamment au financement d'un village de vacances en Chine, pour une clientèle chinoise.

Un système à la Madoff ?

Le parquet de Quimper et celui de la JIRS n'écartent pas la possibilité d'un système de type « Madoff », le créateur des coopératives ayant pu être tenté de rémunérer les premiers épargnants avec les versements des nouveaux. « Il n'y a pas de rapprochement à faire avec l'affaire Madoff », a rétorqué l'avocate de M. Defaix, Christine Courrégé jointe par l'AFP. Elle ne désire pas s'exprimer pour l'instant sur ce dossier dans l'espoir que les avoirs soient rapidement débloqués et les coopératives reprises par les investisseurs eux-mêmes, a-t-elle expliqué.

Placé en garde à vue, M. Defaix a été remis en liberté mercredi soir. Il demeurait injoignable jeudi soir.