Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a indiqué lundi vouloir « tendre la main à tous les parlementaires de l'opposition qui souhaitent rétablir les finances publiques ».

Bruno Le Maire s'exprimait lors du débat d'orientation des finances publiques à l'Assemblée nationale, alors que plane sur le gouvernement la menace d'une motion de censure, sur fond de dérapage des finances publiques. « Venez participer à ce rétablissement de nos finances publiques et laissons de côté une bonne fois pour toutes les querelles politiques, qui ne sont pas dans l'intérêt de la France », a-t-il lancé.

Devant une cinquantaine de députés, Bruno Le Maire avait dit d'entrée espérer que le débat permette « de confronter des visions plutôt que des postures ». Je n'ai « jamais vu autant de parlementaires soucieux de la dette publique et de l'équilibre de nos finances, inquiets du risque de dégradation de notre note par les agences de notation et finalement un peu déçus que les agences Fitch et Moody's aient décidé de maintenir la notation de la France » vendredi soir, a-t-il lancé.

« Non, le financement de notre dette n'est pas menacé, non la France de 2024 n'est pas la Grèce de 2010, gardons le sens de la mesure et notre sang-froid », a ajouté le ministre. Il s'est dit « surpris devant cette cohorte de parlementaires qui réclamaient toujours plus d'argent naguère et exigent toujours plus d'économies maintenant », « dans une conversion aussi soudaine que douteuse ».

« Mémoire courte »

Il a brandi un gros parapheur rouge, annonçant que dix autres étaient posés sur les bancs du gouvernement, contenant au total « 2.500 courriers, tous partis confondus, exigeant plus de dépenses publiques dans tous les domaines et m'accusant presque de pingrerie ».

Bruno Le Maire a dénoncé ceux qui ont « la mémoire courte », et ont oublié « les heures difficiles » du Covid ou de la crise inflationniste, où l'Etat a énormément dépensé pour soutenir l'économie. A présent, a-t-il poursuivi, « nous devons être la majorité qui fera repasser le déficit public sous 3% du PIB en 2027 ». Selon lui, le programme de stabilité qui sous-tend cette trajectoire « doit nous amener à rassembler tous ceux qui, au-delà des polémiques, veulent sincèrement rétablir les finances publiques de la nation ».

Il a qualifié de « claire, simple et cohérente » la feuille de route du gouvernement, qui « repose sur trois piliers » : « croissance et plein emploi, réformes de structures comme celle de l'assurance chômage et simplification pour toutes les PME, enfin réduction des dépenses quand elles ne rendent pas les services qu'elles devraient rendre ».

Refus d'augmenter les impôts

Le ministre a également repoussé l'idée que les économies à faire aboutiraient à de l'austérité. « Le niveau de dépenses publiques français restera un des plus élevés de tous les pays développés dans les années qui viennent : nous avons une sacrée marge avant de tomber dans l'austérité », a-t-il relevé.

Il a répété que le gouvernement « refus(ait) d'augmenter les impôts ». « Nous n'envisageons pas de changer notre politique fiscale », a renchéri le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave, tout en assurant qu'elle pourrait « permettre de prendre en compte des situations exceptionnelles, dans une logique d'efforts partagés ». Une allusion au travail actuellement effectué par quatre députés sur « les rentes », dont le résultat sera publié à l'été. Dans leur viseur figurent « les énergéticiens et les rachats d'actions », a précisé Thomas Cazenave.