Plus de 200 000 personnes pourraient basculer dans la pauvreté faute de revalorisation anticipée des minima sociaux, met en garde le collectif associatif Alerte, s'appuyant sur une simulation publiée jeudi sur le site de la Fondation Jean Jaurès.

Les minima sociaux, dont le revenu de solidarité active (RSA), ont été revalorisés de 1,6% en avril 2023, une hausse tenant compte de l'augmentation de 4% accordée de « manière anticipée » en 2022 face à l'augmentation des prix.

Fin septembre, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a annoncé que les minima sociaux seraient revalorisés au 1er avril 2024 « de l'ordre de 4,6% », une hausse jugée très insuffisante et tardive par les associations d'aide aux plus précaires.

« Les ménages subissent depuis deux ans une forte augmentation des prix qui ne s'est pas traduite par une augmentation équivalente des minima sociaux », souligne le collectif Alerte, qui réunit 34 associations de lutte contre la pauvreté, sur le site internet de la Fondation Jean Jaurès, think tank classé à gauche.

« Une revalorisation en avril 2024 risque d'être trop tardive »

« Au final, une revalorisation en avril 2024 risque d'être trop tardive face à l'accroissement de la précarité qui se perçoit très concrètement dans le recours accru à l'aide alimentaire », ajoute le collectif, favorable à une revalorisation anticipée à hauteur de l'inflation, qui devrait s'établir à 5% sur l'année 2023 selon l'Insee.

Le collectif et l'économiste Pierre Madec de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) ont utilisé le modèle de microsimulation Ines, développé par l'Insee, la Drees (service statistique des ministères sociaux) et la CAF (Caisse d'allocations familiales), pour simuler l'impact d'une revalorisation des minima sociaux à 1,6% et à 5%.

Dans cette simulation, les salaires « augmenteraient comme l'inflation à 5%, les allocations logements de 3,5 % et les retraites de 0,8 %. Les seuils de pauvreté augmenteraient de 3,5 % », peut-on lire.

4,34 millions de personnes bénéficient des minima sociaux

Résultat, la perte de pouvoir d'achat des allocataires de minima sociaux « pourrait entraîner 200 000 personnes sous le seuil de pauvreté officiel (à 60% du niveau de vie médian, soit moins de 1 102 euros par mois pour une personne seule en 2019) et 160 000 sous le seuil de grande pauvreté (à 50% du niveau de vie médian, moins de 919 euros par mois pour une personne seule, en 2019) », écrivent le collectif et l'économiste.

Après un repli en 2021, le nombre d'allocataires des minima sociaux (RSA, minimum vieillesse, allocation adulte handicapé...) a augmenté de 0,4% pour atteindre 4,34 millions de personnes fin 2022, selon un rapport de la Drees publié fin septembre.