Des retraités vivant à la campagne avec une petite pension mensuelle. Des jeunes de moins de 30 ans pas encore intégrés au marché du travail. Des foyers avec emploi mais aux revenus trop faible. L'Insee vient de publier un portrait en six profils de ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté en France.

1 120 euros par mois. Voici, pour « une unité de consommation » (1) donc une personne vivant seule, le seuil en-dessous duquel l'Insee vous considère comme « pauvre ». Il correspond à 60% du niveau de vie médian (proche de 2 000 euros) des Français. Ce seuil de pauvreté « grimpe » ensuite à 1 680 euros pour un couple sans enfant et à 2 350 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans (à charge, donc).

D'un point de vue géographique, la pauvreté « est plus présente dans les Hauts-de-France, dans les régions du sud de la France métropolitaine (Occitanie, Provence‑Alpes‑Côte d'Azur et Corse) et en Outre‑mer ». Mais au sein de ces régions, « les disparités peuvent également être fortes entre départements », tout comme à l'échelle de l'agglomération ou intercommunalité, toujours selon l'Insee dans son étude « La pauvreté monétaire en six profils sociodémographiques : une répartition inégale sur le territoire », publiée ce mardi 3 octobre.

Insee - Taux de pauvreté par intercommunalité en 2020
Insee, taux de pauvreté par intercommunalité en 2020

Creil, Béziers, Maubeuge, Roissy, Lens‑Liévin, Perpignan, Nîmes ou Valenciennes : « plus d'une personne sur cinq est en situation de pauvreté »

Ainsi, la Seine-Saint-Denis est le département où la part de pauvres est la plus élevée en France, 27,6%, mais elle est la plus faible (9,7%) dans une autre département de la régione parisienne, les Yvelines. L'Insee pointe les intercommunalités avec la plus forte densité de pauvreté en rouge sur la carte ci-dessus. Les territoires où la pauvreté est la plus ancrée sont « Creil, Béziers, Maubeuge, Roissy, Lens‑Liévin, Perpignan, Nîmes ou Valenciennes, où plus d'une personne sur cinq est en situation de pauvreté ».

Un quart des ménages pauvres sont des retraités

Au-delà des disparités régionales, l'Insee a surtout cherché à illustrer la grande diversité des profils de ménages pauvres sur le sol français. Surprise : plus de 27% des foyers considérés comme pauvres sont des retraités disposant d'une petite pension. Revenu médian : 945 euros. Le plus souvent pour des personnes seules, souvent des femmes de plus de 75 ans, vivant à la campagne.

Profil de ménages pauvresPart dans les
ménages pauvres
Niveau de vie médian
Retraités touchant une petite pension27,3%945 €
Ménages insérés sur le marché du travail mais aux faibles revenus18,3%998 €
Moins de 30 ans, sans emploi10,5%798 €
Propriétaires, sans emploi9,8%729 €
Locataires du privé, sans emploi16,9%807 €
Locataires du social, sans emploi17,2%848 €

La deuxième catégorie de ménages pauvres pointée par l'Insee est, surprise là encore : des ménages insérés au marché du travail mais avec trop peu de ressources pour vivre décemment. Ils reçoivent des revenus du travail : salaire ou non. Mais leurs ressources sont à peine au-dessus de un demi-Smic.

« Ce profil représente 18% des ménages pauvres, mais 25% des personnes pauvres du fait de nombreuses familles avec enfants, ce qui engendre des charges familiales élevées, explique l'Insee. Avec près de 40% de couples avec enfants, dont une part importante de familles de trois enfants ou plus, cette catégorie regroupe ainsi près du tiers des enfants en situation de pauvreté. »

L'autre grande catégorie est l'ensemble des ménages en âge de travailler mais sans emploi : ces profils nons insérés au marché du travail ont moins de 30 ans (10,5%), et pour les plus âgés sont plus majoritairement locataires. En revanche, les propriétaires sans emploi vivent avec peu : « Le niveau de vie médian des ménages pauvres propriétaires non insérés dans l'emploi est plus faible (729 euros) que celui des locataires. » Une catégorie de ménages pauvres qui vit alors majoritairement en zone rurale.

Dans les villes et agglomérations, ce sont les ménages pauvres non insérés au marché du travail que l'Insee va recenser, ainsi que les jeunes de moins de 30 ans sans emploi. Concernant les jeunes sans emploi, « les grandes villes étudiantes (Toulouse, Poitiers, Rennes ou Nancy notamment) ont ainsi la part la plus élevée de ménages pauvres appartenant à ce profil ».

Avec vos revenus, êtes-vous riche, aisé, « moyen », « populaire » ou pauvre ?

(1) Les unités de consommation sont généralement calculées selon l'échelle d'équivalence dite de l'OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. Cette échelle est utilisée dans cette publication.