C’est une tendance forte actuellement : acheter sucre, farine, céréales, légumineuses, fruits secs ou encore produits d’hygiène « en vrac », dans des récipients réutilisables. Mais au-delà de l’impact environnemental, ce mode de consommation est-il bénéfique pour votre porte-monnaie ? Globalement oui, selon l’UFC Que-Choisir.

Les magasins bio n’ont plus le monopole de la vente en vrac : selon le dernier Observatoire du rayon vrac publié en octobre 2019 par Olivier Dauvers, spécialiste de la grande consommation, 80% des hypermarchés s’y sont mis. Il faut dire que la demande des consommateurs est en constante hausse pour ce type de produits. Dans ce rapport, on apprend que 47% d’entre eux avaient acheté en vrac au cours des 12 derniers mois. Résultat, « de 100 millions d’euros HT de chiffre d’affaires en 2013, le secteur est passé à 850 millions d’euros aujourd’hui, soit une multiplication par 8 en 5 ans ». Une explosion à nuancer tout de même puisque la part de marché du vrac, hors produits frais, reste inférieure à 1% (1).

Si les motivations des Français achetant en vrac (2) sont avant tout liées à l’anti-gaspillage (avoir la juste quantité nécessaire à 54%, réduire les emballages pour 53%), certains consommateurs y voient aussi un gain financier : 15% d’entre eux y ont recours « parce que c’est moins cher ». Mais est-ce bien toujours le cas ?

L’UFC Que Choisir a consacré une enquête au vrac dans son numéro de septembre 2020. Elle a étudié les prix dans 11 points de vente différents. Bilan : « Si les denrées en vrac sont, globalement, 6% moins onéreuses, on constate d’importantes différences selon les catégories », analyse l’association de consommateurs. « Lorsque le marché est très concurrentiel, celles-ci affichent des prix supérieurs au préemballé (+5% pour les pâtes ou le riz, +9% pour les céréales de petit-déjeuner), alors que dans d’autres rayons, on peut réaliser de très bonnes affaires : les fruits secs et les légumineuses se vendent à des tarifs respectivement 21% et 18% moins élevés ». Un prix inférieur logique finalement, me direz-vous, puisque c’est en général le consommateur qui apporte ses contenants et qu’il n’y a donc pas à payer pour l’emballage ? Pas si simple… Comme le souligne très justement l’UFC Que Choisir, « les prix du vrac devraient être, en moyenne, supérieurs, car tout ce que permet l’emballage - la conservation, l’hygiène, la traçabilité, l’information légale - doit être assuré par le personnel, ce qui représente une charge supplémentaire » (le démontage, nettoyage, désinfection, séchage et remplissage d’un « silo » accueillant des produits en vrac peut ainsi prendre 10 minutes à la personne chargée du rayon). Pour le moment, les distributeurs du vrac diminueraient donc leur marge quand c’est possible pour que la « tendance » reste attractive. « Un effort qui risque de ne pas être éternel » conclut l’association de défense des consommateurs…

(1) 0,75% exactement selon Réseau Vrac, l’Association des professionnels du vrac, qui espère porter cette part de marché à 3% en 2022.

(2) Source Kantar