C’est devenu la principale préoccupation des Français confinés chez eux : assurer le ravitaillement du foyer, en prenant le moins de risques possibles. Faut-il privilégier un mode plutôt qu’un autre ? Quelles sont les règles sanitaires à appliquer ? Voici les réponses aux questions concrètes que vous vous posez.

Faut-il continuer à aller faire ses courses en magasin ?

« Faire ses achats de première nécessité dans les commerces de proximité autorisés » : c’est un des motifs qui autorisent actuellement à sortir de chez soi, à condition de signer et d’emporter une attestation de déplacement. Aller faire ses courses est donc toujours permis, et les commerces alimentaires font partie des points de ventes autorisés à ouvrir. Cela vaut pour les petits commerces (boulangeries, boucheries, poissonneries, etc.) comme pour les plus grands (supérettes, supermarchés, hypermarchés). Mais plus pour les marchés en plein air, dont le Premier ministre a annoncé lundi la fermeture jusqu’à nouvel ordre, sauf dérogation accordée localement.

Pour autant, se rendre au supermarché n’est pas sans risque, pour vous et pour le personnel qui y travaille. Le premier conseil est de limiter au maximum la récurrence des courses : mieux vaut acheter, par exemple, du pain pour plusieurs jours, quitte à en congeler une partie. Mieux vaut également faire toutes ses courses d’un coup : passer à la boulangerie, chez le maraîcher et au bureau de tabac au cours de la même sortie. Même conseil pour les grandes courses au supermarché : essayer de prévoir le nécessaire pour une semaine au moins, sans pour autant faire de stocks : ce comportement incivique crée des ruptures en magasins et complique la tâche des personnels qui y travaillent. Tous les porte-paroles de la grande distribution ne cessent en effet de le rappeler : la chaîne d’approvisionnement continue de fonctionner malgré la crise, il n’y a donc aucun risque de pénurie à l’heure actuelle.

Quelles sont les règles sanitaires à respecter ?

Lorsque vous sortez, il faut évidemment respecter les règles sanitaires générales - les fameux « gestes barrière » - qui permettent de limiter la contagion : se laver soigneusement les mains avant de sortir ; maintenir une distance d’au moins un mètre avec les autres clients et les employés des magasins ; tousser ou éternuer dans son coude ; éviter de se toucher le visage tant que vous ne vous êtes pas lavés à nouveau les mains en rentrant chez vous. Rappel : le fait de porter des gants ne suffit pas à se protéger du virus, il ne vous exonère pas de vous laver ou de vous désinfecter soigneusement les mains une fois que vous les avez retirés.

Il existe aussi des règles sanitaires spécifiques aux courses, pour limiter au maximum les contacts avec des objets potentiellement infectés. Notamment :

  • utilisez de préférence vos propres sacs plutôt que ceux fournis par le magasin ;
  • utilisez de préférence votre chariot de course, plus que ceux fournis par le magasin ;
  • évitez au maximum de manipuler les produits, notamment les produits frais ;
  • apportez votre propre stylo si vous comptez payer par chèque.

Faut-il opter pour le drive ?

C’est en tout cas le choix fait par de nombreux Français : selon Nielsen France, l’usage du retrait des courses en voiture a augmenté de plus de 60% la semaine dernière. Il est d’autant plus plébiscité qu’il fait déjà partie de nos habitudes : la France est l’un des pays au monde, avec la Corée du Sud et la Chine, où ce mode de ravitaillement est le plus utilisé.

Du point de vue sanitaire, le drive a effectivement l’intérêt de limiter les interactions avec d’autres personnes. Il ne vous exonère pas, toutefois, de mettre en œuvre les règles sanitaires déjà détaillées. Et une supplémentaire : privilégiez le pré-paiement en ligne de vos courses, ce qui vous évitera le contact, sur place, avec le terminal de paiement.

L’explosion de l’usage du drive n’est toutefois pas sans poser des problèmes. La plupart des points de retrait ont du mal à suivre la cadence, les personnels s’épuisent et les délais s’allongent pour récupérer ses courses : souvent plus d’une semaine désormais. Une tension accentuée par le comportement de certains consommateurs, qui font plusieurs commandes simultanées dans plusieurs drives pour maximiser leur chance d’être servis, et abandonnent les autres commandes une fois qu’ils ont réussi à en récupérer une. Il s’agit donc, là aussi, d’adopter une attitude civique en limitant au maximum la récurrence de vos courses.

Faut-il privilégier la livraison ?

Traditionnellement moins utilisée par les Français que le drive, la livraison à domicile de produits alimentaires connaît elle aussi un boom historique : +90% le semaine passée, selon les derniers chiffres de Nielsen. Au risque, comme pour le drive, de mettre les points de vente et leurs salariés sous pression. Face à cet engouement, le gouvernement a rappelé la semaine dernière les consignes de sécurité à mettre en œuvre à la réception des courses.

Lire sur le sujet : Coronavirus : les consignes pour sécuriser les livraisons à domicile

Hors alimentation, la livraison à domicile permet aussi de continuer à faire des achats malgré la fermeture des magasins physiques. Les commerçants ont en effet l’autorisation de continuer à vendre par le biais de leurs boutiques en ligne. Toutefois, eux aussi doivent faire face à une hausse d’activité qui les met sous tension et augmente les délais de livraison. A tel point que plusieurs e-commerçants, notamment les principaux, Amazon, Cdiscount et Fnac-Darty, ont annoncé qu’ils allaient recentrer leur activité sur les produits de première nécessité, sans en préciser la liste précise. Une chose est certaine : ce n’est pas le moment de renouveler sa garde-robe ou de refaire sa déco intérieure !

Des livraisons de paniers types

C’est une nouvelle solution qui pourrait se développer dans les semaines à venir : plusieurs enseignes commencent à proposer à leurs clients des paniers types livrés à domicile. C’est le cas de Carrefour, qui a lancé ses « paniers essentiels », calibrés pour sustenter 2 personnes pendant une semaine, ainsi que des kits pour l’alimentation des bébés, des animaux de compagnie…

Payez en liquide est-il plus risqué ?

Là encore, la règle est de privilégier le mode de paiement qui permet de limiter le plus les contacts. Soit, du moins risqué au plus risqué :

  • le paiement en ligne, par wallet (Paypal, Paylib) ou carte bancaire, pour les commandes drive notamment ;
  • le paiement sans contact par mobile, qui a l’avantage de fonctionner au-delà de 30 euros ;
  • le paiement sans contact par carte bancaire, jusqu’à 30 euros seulement ;
  • le chèque, à condition d’utiliser son propre stylo ;
  • le paiement par carte traditionnel, qui vous contraint à taper votre code sur un terminal ;
  • les pièces et les billets, si vous n’avez pas le choix.

Dans tous les cas, désinfectez et/ou lavez soigneusement vos mains avec du savon au retour à votre domicile.

Vos courses peuvent-elles être porteuses du virus ?

Le virus à l’origine du covid-19, particulièrement résistant, est capable de survivre plusieurs heures sur du carton, et sans doute plusieurs jours sur du plastique. Les produits que vous ramenez chez vous sont donc potentiellement porteurs de traces du virus, même en petite quantité.

Pour éviter d’être infecté, voici quelques conseils à appliquer :

  • entreposez vos courses par terre quelques heures avant de les ranger, dans la mesure du possible ;
  • retirez et jetez tous les emballages possibles, puis lavez-vous les mains avant de ranger les produits déballés ;
  • rappelez-vous que le virus est capable de survivre dans le froid : nettoyer tout ce qui peut l’être avant de remplir votre réfrigérateur et votre congélateur.
  • lavez notamment les fruits et légumes, à l’eau, surtout pas à l’eau de Javel. Retirez-en la peau avant de les consommer, surtout cru. La température au-delà de laquelle le virus meurt est estimée autour de 60°C.