Nicolas Sarkozy a répondu mercredi aux centaines de milliers de manifestants qui ont défilé la veille contre sa réforme des retraites en proposant des aménagements sur la pénibilité ou les carrières longues mais en restant inflexible sur l'âge légal de départ à 62 ans.

Lors d'une déclaration devant le Conseil des ministres, le chef de l'Etat a d'abord assuré être « attentif » aux préoccupations mardi exprimées dans la rue mais a répété qu'il n'était « pas question » pour lui de revenir sur le relèvement de 60 à 62 ans de l'âge légal de départ à la retraite, ainsi que l'exigent les syndicats.

« C'est une réforme essentielle. Il est donc normal qu'elle suscite des inquiétudes et des mobilisations importantes, comme cela a été le cas hier (...) je suis attentif aux préoccupations qui sont ainsi exprimées », a-t-il déclaré devant son gouvernement. Mais, comme il l'a déjà souligné à de nombreuses reprises, il a écarté toutes les autres solutions que celle de « travailler un peu plus longtemps », comme la baisse des pensions ou l'augmentation des impôts. « C'est la voie la plus raisonnable, celle que tous les autres pays ont choisi », a-t-il plaidé.

Effort de 350 mllions pour les carrières longues

Par contre, comme il l'avait annoncé depuis des semaines, Nicolas Sarkozy a proposé aux syndicats une série de modifications au projet de loi que les députés ont commencé à examiner mardi.

Il a ainsi demandé au gouvernement « d'améliorer », sans autre précision, le dispositif « carrières longues » déjà prévu dans le texte gouvernemental. Ce dispositif permet aujourd'hui aux salariés ayant commencé à travailler à 14-15-16 ans de prendre leur retraite avant l'âge légal, sous réserve d'avoir cotisé deux ans de plus que le nombre de trimestres nécessaires pour le taux plein. Le projet actuel de réforme prévoit d'élargir ce dispositif à ceux qui ont débuté à 17 ans. L'amélioration, a expliqué le chef de l'Etat, doit permettre « d'éviter tout effet de seuil et de renforcer par conséquent l'équité entre les générations ». Il a assuré que cet « effort » coûterait 350 millions d'euros.

10% d'incapacité suffiront

Sur le dossier de la pénibilité, le président a proposé d'abaisser à 10% le taux d'incapacité permettant aux salariés effectuant un travail pénible de continuer à partir à la retraite à 60 ans, contre 20% dans le texte actuel et d'étendre le bénéfice de ce régime aux agriculteurs. Il a également plaidé pour la signature d'accords de branches ou d'entreprises pour « proposer à leurs salariés exposés à des facteurs de pénibilité un aménagement de la fin de leur carrière, qu'il s'agisse de temps partiel ou d'actions de tutorat ». « Ces branches ou ces entreprises pourront compter sur le soutien financier et l'ingénierie d'un fonds public expérimental », a précisé M. Sarkozy.

Le président a par ailleurs annoncé que le gouvernement maintiendrait pendant cinq ans supplémentaires le dispositif permettant aux fonctionnaires ayant eu trois enfants et quinze ans de service de faire valoir leurs droits à la retraite avant l'âge légal. « Personne ne doit voir ses projets de vie bouleversés », a-t-il jugé.

Enfin, Nicolas Sarkozy a suggéré d'autres aménagements sur le cas particuliers des personnes qui ont cotisé à plusieurs régimes de retraite, les « polypensionnés », sans toutefois en préciser le contour.

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, n'y a vu que de « maigres améliorations » qui ne vont « pas changer grand chose ».