C'est un record. En 2021, les fonds de private equity ont levé 24,5 milliards d'euros, soit 41% de plus qu'en 2019. Un dynamisme que le marché du non coté doit pour beaucoup à ses rendements, souvent stratosphériques.

Chaque jour, les sociétés du CAC 40, indice phare de la place de Paris, drainent des flux financiers colossaux, et leurs actions s'échangent à prix d'or. Pourtant, ces entreprises ne représentent qu'une infime partie de l'appareil productif français. Ainsi, sur les 4,1 millions d'entreprises recensées par l'Insee en France, seules 800 sont cotées en bourse sur Euronext Paris. Résultat : tout un pan de l'économie française demeure inaccessible via l'investissement en bourse « classique ».

La bonne nouvelle, c'est qu'il est possible d'investir dans ces entreprises même si elles ne sont pas cotées en bourse. On parle alors de « private equity », ou capital-investissement en français : une pratique qui consiste à prendre une participation au capital d'entreprises non cotées. « Le private equity est un pari sur l'avenir », explique Claude Calmon, fondateur de Calmon Partners, un cabinet de recrutement et de conseil en levée de fonds. « Selon les cas, l'investisseur finance le lancement d'une entreprise, son développement ou sa transmission, dans l'espoir de réaliser une plus-value lors de la revente de ses parts ».

17% d'investisseurs privés

Longtemps, le private equity a été réservé aux institutionnels et aux investisseurs fortunés. « Aujourd'hui, c'est de moins en moins vrai », observe Claude Calmon. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : au premier semestre 2021, 17% des fonds ont été levés auprès d'investisseurs privés, soit 4,2 milliards d'euros, en hausse de +78% sur 1 an, selon France Invest.

Plusieurs facteurs expliquent ce changement. Côté offre, la loi Pacte, en vigueur depuis 2019, autorise les particuliers à investir jusqu'à 50% de leur contrat d'assurance vie dans des fonds de private equity. En parallèle, de plus en plus d'assureurs référencent des fonds de capital-investissement. Et certaines maisons de gestion ouvrent leurs fonds de private equity aux investisseurs particuliers.

Côté demande, le non coté séduit de plus en plus les Français. « Beaucoup voient le private equity comme un placement qui a du sens », explique Claude Calmon. « Ils investissent dans des entreprises locales innovantes. Ces entreprises se développent grâce aux fonds obtenus, et créent des emplois. C'est un cercle vertueux ».

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11,7% de rendement par an

Mais l'argument décisif du private equity, c'est son rendement. Et pour cause : « mesurée sur un horizon de 15 ans, la performance globale du capital-investissement français est de 11,7% en moyenne par an, nette de frais », révèle une étude de France Invest et Grant Thornton (1). Une performance deux fois supérieure à celle du CAC 40, qui a généré 5,4% de rendement annuel moyen sur la même période.

Bien sûr, le private equity est un placement risqué : « 90% des startups font faillite, dont 10% dès la première année », rappelle Claude Calmon. « Sans compter que ce placement est peu liquide. Il faut pouvoir investir sur un horizon de 5 à 8 ans ». Toutefois, de plus en plus d'investisseurs sautent le pas. En 2021, les fonds de capital-investissement ont levé 24,5 milliards d'euros, soit 41% de plus qu'en 2019. Un montant record. « Le private equity est en croissance continue depuis 10 ans », confirme le dirigeant. Seule exception : l'année 2020, durant laquelle l'attractivité de cette classe d'actifs a souffert de la crise sanitaire.

Investissement direct, assurance-vie, FCPR...

Pour vous exposer à des titres non cotés, vous pouvez investir en direct. Toutefois, le ticket d'entrée est souvent élevé (plusieurs dizaines de milliers d'euros). Sans compter qu'il faut détenir un capital suffisant pour diversifier son portefeuille. « Si vous investissez dans une seule entreprise et que cette dernière fait faillite, vous pouvez tout perdre », prévient Claude Calmon. Ceux qui se lancent, généralement d'anciens chefs d'entreprise, sont appelés « Business Angels », et apportent également à la société leur expertise et leur carnet d'adresses.

Autre option si vous débutez : passer par un fonds d'investissement en capital-investissement. « Aujourd'hui, de nombreuses sociétés de gestion permettent aux particuliers d'investir dans le non coté via des unités de compte ou via des Fonds Communs de Placement à Risques (FCPR). Il s'agit d'une alternative intéressante pour les investisseurs qui souhaitent se familiariser avec l'univers du private equity », estime Claude Calmon.

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(1) 35ème édition du baromètre de France Invest et Grant Thornton sur l'activité des acteurs français du capital-investissement et des fonds d'infrastructure.