La section cybercriminalité du parquet de Paris a ouvert une enquête pour retrouver entre 40 et 58 millions d’euros de cryptomonnaies gérées par une association basée près de Dijon en Côte-d'Or. Il y aurait au moins 2 000 victimes.

Que s’est-il passé ?

Dimanche soir, le président l'association RR Crypto, spécialiste de la gestion de crypto-actifs et basée en périphérie de Dijon, envoie un mail aux milliers de membres pour leur annoncer que les fonds confiés se sont volatilisés. Il explique alors, selon le site internet Le Journal du Coin et le journal le Bien Public qui ont dévoilé l'affaire lundi, que « le portefeuille de crypto-actifs » ouvert par l'association sur la plateforme spécialisée Binance a été « réinitialisé ».

Que sait-on sur RR Crypto ?

« RR Crypto est une association qui propose pédagogie et accompagnement personnalisé pour vos projets concernant les crypto-actifs auprès de particuliers afin de participer à une alternative économique fiable et pérenne face aux enjeux actuels », explique son site internet.

Selon deux anciens salariés de RR Crypto contactés par BFMTV, elle employait une dizaine de commerciaux missionnés pour attirer de nouveaux clients. Les employés étaient aussi invités à investir leurs revenus. « Bon nombre d’anciens employés et collaborateurs de RR Crypto ont tout perdu : leur épargne, leur emploi et plus encore, leur réputation », explique Daniel Arroche, avocat spécialisé dans les crypto-actifs, à BFMTV. 2 000 victimes auraient été jusqu’ici recensés avec des pertes qui attendraient des centaines de milliers d’euros pour certains investisseurs.

Quelle est la réponse de Binance ?

Mercredi, Binance a démenti détenir un compte du gestionnaire RR Crypto :« Du fait que les enquêtes sont en cours, nous ne sommes pas en mesure de fournir plus d'explications. Cependant, nous sommes en mesure de confirmer publiquement ce qui suit et nous le faisons : RR Crypto ne détient aucun compte d'entreprise avec Binance ». La société d'échanges basée à Hong-Kong qui indique ne pas avoir « de processus pour réinitialiser les fonds enregistrés » et ajoute qu’elle pourrait envisager « d'engager des poursuites judiciaires contre les parties concernées ».

Quelle a été la réaction de la justice française ?

Elle a été très rapide. Dès mardi, une enquête a été ouverte par la section cybercriminalité du parquet de Paris. Les investigations pour « vol en bande organisée, atteintes à un système de traitement automatisé de données et blanchiment en bande organisée » ont été confiées à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OLTIC), à l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) et la police judiciaire de Dijon.

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Quelles leçons doivent en tirer les investisseurs ?

L'association RR Crypto ne fait pas partie des 18 sociétés enregistrées auprès de l'Autorité des marchés (AMF) pour la gestion et l'échange d'actifs numériques, selon le site internet de l'AMF. « Il faut recommander aux gens de toujours être prudents en matière d'investissements dans les cryptomonnaies et de se tourner uniquement vers les prestataires de services sur actifs numériques (PSAN) enregistrés » auprès de l'AMF, explique Manuel Valente, le directeur scientifique de Coinhouse, enregistré pour sa part auprès du gendarme de la Bourse.

Cette affaire survient dans un contexte de chute des cours des cryptomonnaies. Le bitcoin, pénalisé par la volonté des autorité chinoise de réguler ce marché est passé mardi sous la barre des 30 000 dollars après avoir frisé les 65 000 dollars à la mi-avril.

« Les inquiétudes sur le serrage de vis du gouvernement chinois et la peur que l’acceptation du Bitcoin et des autres cryptomonnaies va être retardée par leur impact environnemental pèsent sur le marché », estime un analyste. Outre le durcissement du ton en Chine, le Bitcoin souffre de critiques sur l’utilisation importante d’électricité de son réseau. Elon Musk, qui avait investi une partie de la trésorerie de son groupe Tesla en Bitcoin, a récemment annoncé que ses voitures électriques ne seraient plus achetables en cryptomonnaie tant que l’industrie ne se tournerait pas plus vers les énergies renouvelables, moins de deux mois après avoir dit les accepter comme moyen de paiement.

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