La fraude à la carte bancaire et autres moyens de paiement scripturaux (hors cash) a explosé en 2018, selon le rapport de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. Combien cela coûte-t-il aux banques et aux usagers ? Et quelle façon de payer reste la moins exposée à la fraude ?

Hors cash, quels sont les moyens de paiement les plus utilisés ?

Rappel : c’est encore le cash qui est utilisé, 7 fois sur 10, pour les achats du quotidien. Les espèces, toutefois, n’entrent pas dans le périmètre de l’Observatoire, qui ne s’intéresse qu’aux moyens de paiement dits scripturaux. Là, c’est la carte bancaire qui domine largement. Elle représente, en 2018, 53% des 24,7 milliards de paiements effectués dans l’Hexagone, loin devant le prélèvement (17%), le virement (16%) et le chèque (7%).

Au total, les sommes payées par carte représentent 568 milliards d’euros. C’est peu - 2% seulement - rapporté au montant total des paiements, où le virement se taille la part du lion (87%). Et c’est moins, par exemple, que le chèque (3%). Les Français ont également retiré plus de 136 milliards d’euros en cash aux distributeurs automatique.

Combien coûte la fraude ?

Une explosion ! C’est le terme qui convient pour décrire ce qui s’est passé en 2018 sur le terrain. Le montant total de la fraude aux moyens de paiement scripturaux a en effet dépassé pour la première fois le milliard d’euros, à 1,045 milliard d’euros. Soit une forte hausse de 36% par rapport à 2017. Le nombre de fraudes recensées, lui, est passé de 5,1 millions en 2018 à 6,7 millions en 2018.

A lui seul, le chèque représente 56% de cette hausse, et 43% des montants fraudés au total : 450 millions d’euros en 2018, en hausse de 53%. Le gouverneur de la Banque de France évoque ainsi « une tendance au report des fraudeurs et de la fraude vers le maillon plus fragile qu'est le chèque ».

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Mais cette hausse de la fraude concerne également la carte bancaire. Après deux années de baisse, le montant total des transactions frauduleuses est reparti à la hausse en 2018 : 439 millions d’euros, contre 387 millions d’euros l’année précédente (+13%). La carte bancaire, paiements et retraits cumulés, pèse ainsi 42% des montants détournés. Elle est aussi impliquée dans 90% des cas de fraudes, loin devant le prélèvement (5%) et le chèque (3%). Ce qui signifie que les fraudeurs détournent la carte grâce à de petits montants, mais en grande quantité, à la différence du chèque.

Quels sont les moyens de paiement les plus sûrs ?

Ces chiffres, toutefois, ne suffisent pas à déduire que le chèque est moins sûr que la carte, ou le virement que le prélèvement. Pour cela, il faut calculer le taux de fraude, c’est à dire le rapport entre les montants fraudés et les montants totaux dépensés avec ces moyens de paiement.

En la matière, c’est le virement qui remporte la palme avec un taux de fraude très bas : 0,0004%. De loin le moyen de paiement le plus sûr. Suit le prélèvement dont le taux de fraude a fortement augmenté en 2018, passant de 0,0006% à 0,0035%, conséquence de l’explosion, des émissions d’ordres de prélèvement frauduleux sans mandat. Enfin, le chèque, malgré la forte hausse déjà évoquée, reste un peu plus sûr que la carte bancaire, avec un taux de fraude de 0,0505%, contre 0,062%. Toutefois, si l'on réduit le périmètre aux paiements et retraits effectués en France, le taux de fraude de la carte s'améliore nettement, descendant à 0,038%.

Le classement des moyens de paiement les plus sûrs (hors cash)

  1. Virement - un euro fraudé pour 244 300 euros payés (0,0004%)
  2. Prélèvement - un euro fraudé pour 28 185 euros payés (0,0035%)
  3. Carte bancaire (uniquement en France) - un euro fraudé pour 2 600 euros payés (0,038%)
  4. Chèque - un euro fraudé pour 1 980 euros payés (0,0505%)