Dès son arrivée à Bercy fin juillet, où il a succédé à Gabriel Attal promu à l'Education nationale, Thomas Cazenave a fait sa priorité de redresser des finances publiques dégradées par les crises.

Macroniste de la première heure, Thomas Cazenave défend à l'Assemblée nationale son premier budget depuis son arrivée au ministère des Comptes publics, avec une volonté de dialogue n'entamant en rien sa détermination à faire adopter, probablement au forceps, ce texte porteur d'économies.

Après un examen en commission, l'Assemblée commence à étudier mardi en séance le projet de loi de finances, dont les 16 milliards d'économies prévues pour 2024 doivent marquer, selon le ministre de 45 ans, le début de la fin du « quoi qu'il en coûte » et l'extinction progressive des aides exceptionnelles.

Dès son arrivée à Bercy fin juillet, où il a succédé à Gabriel Attal promu à l'Education nationale, Thomas Cazenave a fait sa priorité de redresser des finances publiques dégradées par les crises.

Décrit comme un technicien, ce Bordelais multi-diplômé se fait fort de donner des gages d'ouverture aux députés de tous bords, assurant qu'au gré des amendements qui seront retenus, le projet de loi qu'adoptera le Parlement sera différent de celui présenté par le gouvernement en Conseil des ministres.

49.3

Avant même la présentation du texte, il avait prolongé l'exercice des Dialogues de Bercy initiés par son prédécesseur pour tenter de dégager des points de consensus avec des députés et sénateurs reçus jusqu'à tard le soir.

« Il a de bonnes relations avec tout le monde alors que c'est un ministère où on peut se fâcher avec tout le monde », fait-on remarquer dans son entourage.

Dans l'opposition aussi, on le dit volontiers « de commerce agréable ».

Mais s'il espère des compromis, notamment sur la fiscalité des locations meublées touristiques, le ministre veut écarter tout risque de voir le projet de loi retoqué, dans un hémicycle où le gouvernement ne dispose que d'une majorité relative.

Il a d'ores et déjà prévenu que le prochain budget serait adopté au terme d'une « dizaine » de recours à l'article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement de faire passer un texte sans vote, sauf adoption d'une motion de censure.

« Je comprends que les oppositions ne votent pas les textes budgétaires » mais « est-ce qu'on a le choix ou pas d'avoir un budget ? », avait-il lancé fin septembre, soulignant sa nécessité au fonctionnement de l'Etat.

Cannelés

Cet ancien collaborateur d'Emmanuel Macron du temps du ministère de l'Economie connaît bien les arcanes du pouvoir.

Né le 6 mars 1978, le quadragénaire au physique élancé, dont le sérieux des lunettes foncées est contrebalancé par un naturel souriant, a été élu en juin 2022 député de la première circonscription de Gironde sous l'étiquette Renaissance.

La victoire avait fait oublier une sévère débâcle en 2020 dans la course à la mairie de Bordeaux, ville où il est né et qu'il affectionne particulièrement - au point d'aimer préparer des cannelés, petits gâteaux qui en sont la spécialité.

Il en a même apporté aux parlementaires lorsque ceux-ci l'ont auditionné dans la foulée de la présentation du projet de budget fin septembre - mais pas faits maison, faute de temps en plein marathon budgétaire.

Autre signe d'attachement à sa région viticole, Thomas Cazenave avait cosigné, quelques jours avant son entrée au gouvernement, un courrier avec d'autres parlementaires pour s'opposer à une hausse « excessive des taxes » sur l'alcool.

Le ministre a commencé sa carrière comme inspecteur des finances à la sortie de l'ENA, après avoir accumulé les diplômes prestigieux, à Sciences-Po ou l'Ecole normale supérieure en économie.

En 2007, il se lie d'amitié à un autre inspecteur des finances, Emmanuel Macron. Après un poste de direction à Pôle Emploi, il rejoint ce dernier près de dix ans plus tard au ministère de l'Economie en devenant son directeur adjoint de cabinet.

Nommé ensuite, en décembre 2016, secrétaire général adjoint de l'Élysée à la fin de la présidence Hollande, il participe à la création du mouvement En Marche ! d'Emmanuel Macron ainsi qu'à l'écriture de son programme présidentiel.

Ce dernier élu, Thomas Cazenave est nommé en 2017 délégué interministériel à la transformation publique.

Cet ancien proche du PS a désormais à cœur de maintenir le cap du sérieux budgétaire et a déjà prévenu qu'il faudrait trouver après 2024 davantage d'économies, qu'il chiffre à au moins 12 milliards par an.

La tâche s'annonce d'autant plus difficile que la plupart des dispositifs exceptionnels de soutien se seront éteints.

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