Un pic début 2023, avant un fléchissement d'ici l'été. L'inflation galopante de l'année 2022 ne va pas (encore) ralentir, la faute notamment à la hausse programmée du prix du chauffage en début d'année. La palette des revenus indexés (directement ou non) sur l'inflation étant très large, tour d'horizon des hausses que vous pouvez déjà anticiper.

A qui la faute ? La pandémie de Covid-19 ? La guerre en Ukraine ? Les pénuries ? La crise énergétique ? Des causes multiples et un effet domino ? De fait, l'inflation de l'année 2022, que l'Insee estime in fine à 5,3% par rapport à l'année 2021, est inédite depuis l'arrivée de l'euro. Mesurée non pas d'une année à l'autre mais sur un mois (par exemple novembre 2022 par rapport à novembre 2021) l'indice des prix à la consommation atteint 6,2%.

La hausse des prix va même atteindre un nouveau sommet en janvier-février selon les projections de l'Insee publiées jeudi 15 décembre : 7%, en janvier 2023 par rapport à janvier 2022, et ce même si les prix montaient déjà rapidement il y a un an...

Smic : +1,81% en janvier avant une nouvelle hausse au printemps

Le Smic augmente, de façon habituelle et automatique, au 1er janvier. De 1,81% précisément, à 1 353,07 euros de salaire net mensuel. En France, la revalorisation du Smic est l'une des rares à être mécanique en dehors de ce cycle annuel. Dès que l'inflation dépasse 2% par rapport à la dernière revalorisation, une nouvelle est enclenchée. Deux hausses exceptionnelles ont eu lieu en 2022, pour 6,6% d'augmentation totale entre décembre 2021 et janvier 2023. Vous pouvez d'ores et déjà tabler sur une nouvelle hausse exceptionnelle au printemps 2023. Dans sa note de conjoncture de fin d'année, l'Insee prévoit une « nouvelle revalorisation possible, d'au moins 2%, dans le courant du printemps ».

Smic : une hausse de salaire de 24 euros net par mois dès le 1er janvier 2023

Salaire : vers une hausse (non automatique) quasi généralisée de 4%

Le Smic, c'est automatique. Les salaires, non. Près de 3 entreprises françaises sur 5 prévoient tout de même d'opérer une hausse généralisée, de 3% environ : une augmentation de base, donc, à laquelle s'ajoute la gratification individuelle. Et tous les cabinets ayant planché sur le sujet estiment que les hausses 2023 vont toucher un panel plus large de salariés qu'à l'accoutumée. Combien ? 4% de hausse, ou légèrement plus, en moyenne. Une moyenne qui concerne bien la masse salariale, comme l'explique Deloitte, ce qui sous-entend que certains profiteront de hausses concurrençant ou dépassant l'inflation.

Augmentation de salaire 2023 : combien pouvez-vous négocier face aux plus de 6% d'inflation ?

RSA, prime d'activité, allocations familiales... Au 1er avril

La loi pouvoir d'achat a permis de donner un important coup de pouce, à l'été 2022, à l'ensemble des prestations sociales : +4%. Le RSA, la prime d'activité et l'ensemble des prestations sociales doivent augmenter automatiquement au 1er avril 2023, comme chaque année. La revalorisation exceptionnelle opérée en cours d'année sera prise en compte et il ne faut donc pas anticiper de hausse au niveau de l'inflation. En annexe du budget de la Sécurité sociale, Bercy table sur une hausse de 1,7% en avril, une estimation qui reste à confirmer mais qui ne sera modifiée qu'à la marge puisque les prévisions de l'Insee se sont globalement vérifiées ces derniers mois.

Historique de l'augmentation des prestations familiales
Inflation moyenne
à fin janvier*
Revalorisation annuelle
au 1er avril
Revalorisation anticipée
au 1er juillet
20191,6%0,3%-
20200,9%0,3%-
20210,1%0,1%-
20221,8%1,8%4%
2023
(estimation)
5,7%1,7%-

* Mesure de l'inflation retenue pour la revalorisation des prestations familiales, c'est-à-dire la moyenne sur 12 mois arrêtée en janvier de l'année de revalorisation, comparée à celle des 12 mois précédents.

Source : rapport de la commission des comptes de la Sécurité sociale - résultats 2021 et prévisions 2022-2023

RSA, prime d'activité, allocations familiales : vers une hausse de 1,7% en avril 2023

Retraite de base : +0,8% en janvier 2023 ?

Même principe que pour les prestations sociales mais avec un calendrier différent : votre pension de retraite de base augmente chaque année en janvier. Cette année, l'Etat prend logiquement en compte la hausse anticipée de 4% cet été. Résultat : sur la base du calcul mathématique, basée sur l'inflation des 12 derniers mois arrêtée en octobre 2022, la Cnav devrait augmenter la pension de base de 0,8% en janvier. Une hausse qui sera visible le 9 février, jour du paiement de la pension de base de janvier 2023. Contactés, Bercy et le ministère du Travail n'ont pour l'heure pas encore confirmé ce taux de revalorisation.

Historique de l'augmentation des retraites de base
Inflation moyenne
à fin octobre*
Revalorisation annuelle
au 1er janvier
Revalorisation anticipée
au 1er juillet
20190,9%0,3%-
20200,2%0,3%
(1% pour les pensions
de moins de 2 000 €)
-
20210,4%0,4%-
20221,1%1,1%4%
20234,8%0,8%-

* Mesure de l'inflation retenue pour la revalorisation des retraites de base, c'est-à-dire la moyenne sur 12 mois arrêtée en octobre de l'année précédant la revalorisation, comparée à celle des 12 mois précédents.

Source : rapport de la commission des comptes de la Sécurité sociale - résultats 2021 et prévisions 2022-2023

Les retraites complémentaires augmentent à un rythme différent : la pension l'Agirc-Arrco a ainsi progressé de 5,12% en novembre. Il faudra désormais attendre l'automne prochain pour profiter d'une nouvelle hausse.

Minimum vieillesse : +0,8% en janvier ?

Suite à la hausse anticipée de l'été dernier, l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA), ou « minimum vieillesse », atteint 953,45 euros mensuels maximum pour une personne seule et 1 480,24 euros pour un couple. Cette allocation, pendant du RSA pour les seniors, varie si vous avez des revenus complémentaires. La revalorisation suite le même rythme que la retraite de base, donc très probablement 0,8% en janvier.

Allocations logement : à l'automne prochain...

Les APL ont été revalorisées de 3,5% (le même taux retenu pour le « bouclier loyer » censé protéger les locataires de hausses trop importantes) l'été dernier. Associations et politiques de plusieurs partis ont proposé une nouvelle hausse début 2023, mais cette mesure n'a pas été retenue dans le budget. Sauf décision politique, la prochaine revalorisation interviendra lors de l'échéance annuelle habituelle, au 1er octobre.

INTERVIEW. Retraite, loyer, RSA, APL... Les effets pervers des revalorisations indexées sur l'inflation

Taxe foncière 2023 : +7,1%, au minimum

Vous êtes propriétaire ? Connaissez-vous l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) ? Avec le retour de l'inflation, vous allez probablement en entendre parler plus régulièrement. C'est sur la base de cet indice calculé par l'Insee – qui ne prend pas en compte le coût des logements pour les propriétaires – que la base de calcul de votre taxe foncière est calculée chaque année. Plus précisément sur la base de l'IPCH de novembre, qui a été dévoilé par l'Insee hier : +7,1%.

En clair : si votre ville ou intercommunalité ne modifie pas son taux d'imposition, alors votre taxe foncière progressera de plus de 7%. Lors de l'examen du budget 2023, plusieurs amendements visaient à limiter cette hausse mais le gouvernement a choisi de laisser entièrement la main aux communes.

Taxe foncière : ce sera minimum +7,1% en 2023 !

Impôt sur le revenu : le barème progresse pour vous éviter une hausse

Contre-intuitif. La revalorisation du barème augmente... pour vous éviter de payer plus. Cette année, prenons un célibataire dont les revenus le classent dans la classe moyenne supérieure. En 2022, avec 27 000 euros de revenus imposables annuels, une partie de ses revenus est imposée à 30%, puisqu'il dépasse le seuil de la « tranche à 30% » fixé cette année à 26 070 euros. L'an prochain, les seuils du barème seront réhaussés de 5,4%, comme le prévoit le budget 2023. Ce seuil passera donc à 27 478 euros. Résultat : si ce célibataire déclare le même salaire l'an prochain, il ne dépassera pas la barre de 30%. Il payera donc légèrement moins d'impôt. Sauf si ses revenus progressent eux aussi, évidemment...

Barème officiel - impôt 2023 sur les revenus 2022
Tranche de revenu par part fiscaleTaux applicable pour la tranche
Jusqu'à 10 777 €0%
De 10 778 € à 27 478 €11%
De 27 479 € à 78 570 €30%
De 78 571 € à 168 994 €41%
Plus de 168 995 €45%

Impôt sur le revenu : combien payerez-vous en moins en 2023 grâce au nouveau barème ?

Livret A, LEP, PEL... Hausse programmée pour janvier et février

Vous n'êtes pas ou peu imposable ? Savez-vous que vous avez probablement droit au seul et unique placement à capital garanti, totalement défiscalisé, dont le rendement suit l'inflation ? Le Livret d'épargne populaire va passer à 6,2% en février 2023 ! Suite aux dernières estimations de l'Insee, cette estimation (réalisée par MoneyVox) a de grandes chances d'être confirmée mi-janvier par Bercy. Quant au Livret A, son taux est attendu à 3,3% en février, le taux du Plan épargne logement remontant lui à 2% dès le 1er janvier 2023.

Livret A, LEP, LDDS : les hausses de taux 2023 se précisent, et elles décoiffent !