Avec l'inflation galopante et des prix de l'énergie qui vont encore grimper début 2023, les salariés sont dans les starting-blocks en vue des entretiens annuels... Quelles augmentations peuvent-ils espérer ?

Quand augmentation ne rime plus avec exception. La saison des négociations annuelles s'étire traditionnellement de début décembre à début février. Mais cette année, les employeurs ne trainent pas des pieds. « Il y a effectivement des sociétés où les négociations annuelles ont été avancées en 2022 face à l'inflation. Aujourd'hui beaucoup d'entreprises essaient d'être proactives sur ces négociations salariales, observe Franck Chéron, associé chez Deloitte et spécialiste des ressources humaines. Cela réagit clairement plus vite en temps de crise. »

Les employeurs n'hésitent pas non plus à acter une augmentation générale, pour l'ensemble de leurs salariés. Pour la 11ème édition de son étude annuelle sur les rémunérations, le cabinet People Base CBM a interrogé 644 entreprises et 57,9% d'entre elles annoncent qu'elles vont opérer une augmentation généralisée. Combien ? A hauteur de 2,99% en moyenne, le pourcentage de hausse généralisée constituant alors le coup de pouce minimal dans ces entreprises.

« La part des augmentations générales est à un niveau particulièrement élevé si on le compare aux années avant crise », relève Cyril Brégou, associé de People Base CBM : un peu moins de 42% des sociétés étaient ainsi enclines à une hausse généralisée l'an passé, ou 31% en 2019. Mais attention : Cyril Brégou estime que cette tendance « ne sera pas durable ».

L'augmentation globale n'empêche pas les coups de pouce individualisés, qui touchent plus de 99% des sociétés interrogées par ce cabinet. Ces augmentations individuelles (de 4,25% en moyenne) concernent alors plus de 55% des salariés, à des degrés divers évidemment.

4% d'augmentation globale... malgré une inflation à plus de 6%

Ce même cabinet People Base CBM estime à 4,05% la hausse globale des salaires en 2023. 4%. Ce pourcentage fait clairement consensus. A l'image de People Base CBM, les études produites par Deloitte, Alixio, WTW et même l'estimation de la progression du salaire moyen par tête établie par la Commission européenne aboutissent toutes à une prévision d'augmentation salariale de 4% ou légèrement plus.

Et cette hausse est cette année bien plus homogène que par le passé. « Les secteurs de l'énergie, de la finance et la pharmacie sont généralement ceux qui poussent le plus les augmentations, explique Franck Chéron, de Deloitte. C'est à nouveau le cas mais cette année c'est effectivement bien plus généralisé qu'à l'accoutumée. Même le secteur non lucratif [associatif, ESS, etc.] prévoit des augmentations, en moyenne de 2%, ce qui est inhabituel. » Il ajoute que, fait « inhabituel », les hausses de salaire dont vont bénéficier les non cadres seront probablement supérieures à celles accordées aux cadres.

Ce climat propice aux pourcentages ronflants ne fera toutefois pas que des heureux. Le cabinet de recrutement Robert Half a effectué un sondage (1) auprès d'un panel de salariés. Et 78% d'entre eux souhaiteraient une augmentation proportionnelle à l'inflation. Estimée à 6,2% par l'Insee en novembre 2022, elle reste à ce stade bien supérieure aux 4% anticipés pour les augmentations 2023.

Augmentation de salaire 2023 : combien pouvez-vous négocier face aux 6% d'inflation ?

(1) « Sondage en ligne réalisé le 17 novembre 2022 auprès d'un panel représentatif de 1 000 salariés français de 18 à 55 ans ».