Les salaires progressent. Rapidement. Mais pas aussi rapidement que les prix. Alors que l'inflation affole toujours les compteurs, avec une vitesse inédite depuis plus de 30 ans, flashée à 5,2% sur l'ensemble de l'année 2022, les salaires n'ont grimpé que de 3,7% selon la Dares. Et seuls les salariés payés au Smic suivent le rythme de l'inflation.

Quand les factures et tickets de caisse grimpent, les salaires aussi, mais pas au même rythme. « Entre les 3e trimestres 2021 et 2022, les salaires de base [salaire brut, hors primes et heures sup', NDLR] derniers progressent de 3,7%. L'inflation atteint 5,4% sur la même période [arrêtée à la fin septembre]. » La Dares (1), référence statistique pour le monde du travail, rattachée au ministère éponyme, vient de publier une étude mesurant « l'effet de l'inflation sur la progression actuelle des salaires ». Une mesure statistique sur l'année écoulée, arrêtée à la fin du mois de septembre.

Sur cette période, une seule catégorie de salariés a réellement vu sa rémunération suivre la hausse des prix : ceux qui sont rémunérés au Smic, grâce à un mode de calcul permettant d'enclencher des hausses automatiques, même en cours d'année, dès que l'inflation dépasse 2%. Résultat : « Sur une période comparable, entre octobre 2021 et août 2022, le Smic augmente de 5,6%, soit près de 2 points de plus [que la moyenne globale des salaires]. »

Hausse du Smic horaire brut, depuis 2019

Smic

Source : Dares

« La progression plus rapide du Smic par rapport aux autres salaires conduit à court terme à un resserrement de la distribution des salaires », avance la Dares. Traduction : les « petits » ou « bas » salaires progressent plus vite que les salaires des cadres ou autres catégories mieux rémunérées. En clair, l'écart se resserre.

« Ceux des ouvriers et des employés augmentent de 4,5% environ [entre le 3e trimestre 2021 et le 3e trimestre 2022], tandis que ceux des cadres et des professions intermédiaires croissent de 2,8% environ », et ce quand le Smic grimpe de plus de 5%. Dans le graphique ci-dessous, la Dares fait apparaître le Smic en rouge, progression la plus nette, à un rythme même plus élevée que l'inflation sur la période allant de mars 2021 à septembre 2022. Les progressions les plus lentes touchent les cadres et professions intermédiaires.

Évolution des salaires mensuels selon la catégorie professionnelle

Salaire inflation Dares

Source : Dares

Hébergement-restauration : une hausse de salaire liée à la difficulté de recrutement

Les difficultés de recrutement s'accroissent sur les 3 dernières années en premier lieu les secteurs de l'hébergement-restauration, les services aux entreprises, l'immobilier et l'information-communication. Quatre secteurs où les difficultés de recrutement augmentent à plus de 70%. « Dans l'hébergement-restauration par exemple, alors que 39% des entreprises déclaraient rencontrer des difficultés de recrutement en janvier 2020, elles sont désormais 74% en octobre 2022. »

Sur ces quatre secteurs où les difficultés de recrutement augmentent le plus nettement, les salaires ont progressé de 6,9% dans l'hébergement-restauration entre décembre 2019 et septembre 2022, de 6,8% dans les services aux entreprises, de 5,9% dans l'immobilier, et de 5,6% sur 3 ans dans l'information-communication.

Attention : tous les chiffres de la Dares portent sur une évolution de salaire sur un an, arrêtée fin septembre 2022... Rien ne dit que les employeurs ne vont pas se rattraper en 2023. Les prévisions pour les hausses de salaire 2023 s'accordaient autour de 4%. Ce qui confirme l'accélération, mais reste insuffisant pour tenir le rythme de la hausse des prix.

Augmentation de salaire 2023 : combien pouvez-vous négocier face aux 6% d'inflation ?

(1) Direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques.