L'Assemblée a donné son ultime feu vert jeudi au nouveau budget de crise face au coronavirus et son plan d'urgence de 110 milliards d'euros, avant le vote du Sénat dans la soirée, pour une adoption définitive.

Outre la majorité, les groupes d'opposition LR et socialiste ont voté ce texte à l'Assemblée malgré des réserves, alors que les communistes et les insoumis se sont prononcés contre. « Adopter vite, c'était l'objectif numéro 1. Il y a urgence. Nous vivons au cœur d'une crise, d'une tempête, et nous avons besoin de recharger les crédits pour continuer à appliquer l'ensemble des mesures d'aides », a souligné le député LREM Laurent Saint-Martin, rapporteur général du budget.

En fin de matinée, députés et sénateurs avaient trouvé un accord sur ce deuxième projet de budget 2020 rectifié, après celui de fin mars. Le texte, dans cette version de compromis, doit encore être approuvé par le Sénat, en séance à partir de 19H00.

Des chiffres vertigineux

Ce budget porte à 110 milliards d'euros le plan annoncé par le gouvernement pour soutenir l'économie. Il table sur un recul de 8% du PIB en 2020, un déficit public d'environ 9,1% du PIB et une dette à 115% du PIB. Le déficit serait ainsi à « deux points de plus qu'en 2009 » et la dette publique « à vingt points de plus qu'en 2009 », a indiqué le secrétaire d'Etat Olivier Dussopt, en faisant « référence à la dernière grande crise systémique que nous avons connue » en 2008-2009.

Ces « chiffres inhabituels peuvent être vertigineux mais traduisent une action massive pour faire face à une crise exceptionnelle », a-t-il insisté. Ce budget porte à 24 milliards d'euros les crédits destinés au chômage partiel et prévoit 20 milliards d'euros pour recapitaliser des entreprises stratégiques en difficulté, comme Air France. Il intègre aussi une aide aux ménages les plus modestes (allocataires des minimas sociaux) de 150 euros, plus 100 euros par enfant.

Des mesures critiquées

Tout en soutenant le texte, le député LR et président de la commission des Finances Eric Woerth a à nouveau demandé des annulations de charges pour les entreprises, plutôt que des reports. « Vous allez le faire, cela fera sans doute partie du plan de relance. On aurait dû jouer cartes sur table », a-t-il estimé.

La cheffe de file des députés socialistes Valérie Rabault a voté pour ce budget, au nom de « l'urgence alimentaire, sociale et économique ». Mais elle a notamment critiqué les 20 milliards de recapitalisations d'entreprises sur lesquels « on ne sait rien ». Ce soutien, qui devrait notamment s'adresser à Air France ou au secteur automobile, est critiqué par des ONG environnementales, qui dénoncent un « chèque en blanc » aux pollueurs, même si le gouvernement assure que des contreparties seront exigées.

Opposé à ce budget, le communiste Fabien Roussel a réclamé le rétablissement de l'ISF et une contribution supplémentaire du secteur bancaire. « Qui va payer ? » ces nouvelles dépenses , a-t-il lancé. « Ce projet de loi ne porte aucune trace du monde d'après », a aussi jugé l'insoumis Eric Coquerel, qui a dénoncé une logique « productiviste », sans exigence « environnementale ».