Le Haut conseil pour les finances publiques (HCFP) s'inquiète que le gouvernement ait pu sous-évaluer les dépenses prévues pour faire face à la crise, et à l'inverse minimiser la perte de recettes attendues, dans son avis sur le troisième projet de budget rectifié pour 2020.

« Toutes les mesures de soutien de l'activité annoncées par le gouvernement, notamment certains plans sectoriels de relance, n'ont pas été traduites » dans ce projet de loi de finances rectificative (PLFR), écrit notamment le Haut conseil dans son avis publié mercredi au moment où le gouvernement présente son projet de budget rectifié en conseil des ministres.

Par ailleurs, « une partie des mesures présentées comme des mesures de trésorerie pourrait finalement avoir un impact sur le déficit dès cette année », note-t-il. Or le gouvernement prévoit déjà que la dépense publique atteindrait 63,6% du PIB cette année, « un niveau jamais atteint au cours de ces 70 dernières années », souligne le HCFP.

Une « vigilance particulière » sur la dette

Côté recettes, le Haut conseil note que des « aléas négatifs » entourent la prévision du gouvernement d'une baisse de 27 milliards des rentrées issues des prélèvements obligatoires. En particulier, le gouvernement n'a pas révisé celles provenant de l'impôt sur le revenu et des prélèvements sociaux.

De même, le gouvernement « fait l'hypothèse forte que les reports de quelques mois d'échéances fiscales et sociales ne donneront pas lieu à des abandons de créances significatifs en 2020, alors même que de nombreuses entreprises concernées par ces reports seront fragilisées par la chute de leur activité du fait de la crise sanitaire », prévient le HCFP.

Déjà à plusieurs reprises inquiet de l'état des finances publiques, l'instance alerte enfin une nouvelle fois sur le fait que la dette, qui devrait gonfler à 120,9% du PIB selon le gouvernement, « fragilise la soutenabilité à moyen terme des finances publiques de la France et appelle une vigilance particulière ».

Récession : une prévision « prudente »

En revanche, il apparait un peu plus optimiste que le gouvernement sur l'ampleur de la récession, attendue à -11% par le gouvernement. Il juge « prudente » cette prévision, estimant que le taux d'épargne des ménages « pourrait être inférieur au niveau exceptionnellement élevé prévu par le gouvernement pour 2020 (23,2% contre 14,9% en 2019), et donc la consommation plus élevée ».

De même il juge que « l'emploi pourrait être un peu plus élevé que prévu par le gouvernement », qui table sur 1,2 million d'emplois perdus en fin d'année.