La contraction du produit intérieur brut (PIB) français en 2020 pourrait être plus importante que les -8% prévus par le gouvernement, a estimé mercredi le Haut conseil pour les finances publiques (HCFP) qui s'interroge sur les hypothèses de reprise économique retenues par l'exécutif.

Le scénario économique du gouvernement « repose sur l'hypothèse forte d'un retour assez rapide à la normale de l'activité, au-delà du 11 mai », date possible de la levée du confinement, note le HCFP dans son avis sur le projet de loi de finances rectificative présenté mercredi en conseil des ministres. « Si cette hypothèse forte ne se réalisait pas, la chute d'activité pourrait se révéler supérieure encore à celle de -8% en 2020 prévue parle gouvernement », prévient-il. Le scénario de l'exécutif « suppose en particulier que les mesures de politique économique prises pour faire face à la crise permettront de préserver l'appareil productif et que la demande, tant intérieure qu'étrangère, ne portera pas de séquelles durables de la crise », ajoute-t-il encore.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé mardi un nouveau relèvement des moyens alloués au plan d'urgence contre la crise sanitaire et économique. Il atteint désormais 110 milliards d'euros, dont 24 milliards d'euros pour le dispositif de chômage partiel. Dans son projet de budget rectifié, cité par le HCFP, le gouvernement anticipe notamment que la consommation des ménages reviendrait à son niveau usuel « en septembre » et que « les flux touristiques (...) reviendraient très graduellement à leur niveau antérieur, à horizon fin 2020 ».

La dette va se creuser à hauteur de 115% du PIB

Mais, selon le Haut conseil, le maintien des emplois via le dispositif du chômage partiel « n'est pas acquis ». De même, la reprise de la consommation des ménages « est entourée de fortes incertitudes, liées à la possible persistance de comportements prudents ou attentistes ». Et les entreprises pourraient annuler certains des investissements « en raison de la dégradation de leurs résultats et de la montée des incertitudes sur les perspectives de croissance ».

Le projet de budget rectificatif prévoit aussi que le déficit public et la dette se creuseraient respectivement à 9% et 115% du PIB cette année. Des prévisions qui pourraient toutefois être revues, comme l'a d'ailleurs reconnu le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin. Le HCFP note en particulier que « des risques significatifs » pèsent sur le niveau des dépenses prévues dans ce projet de budget, avec un chômage partiel qui pourrait encore coûter plus cher et d'autres mesures, comme des annulations pures et simples de charges fiscales et sociales, qui pourraient venir alourdir l'addition.