La fin de l'impression systématique du ticket de caisse est prévue d'ici au 1er janvier 2022. Destinée à éviter un gaspillage inutile de papier, mais aussi à limiter les effets négatifs des perturbateurs endocriniens contenus dans les tickets de caisse, la mesure est très contestée. On vous explique pourquoi.

C’est fait. L'Assemblée nationale a voté vendredi la fin de l’impression systématique des tickets de caisse, sauf demande expresse du client, d'ici au 1er janvier 2022. La disposition, introduite en commission et soutenue par le gouvernement, a été adoptée dans le cadre de l'examen en première lecture du projet de loi anti-gaspillage.

Seront concernées les transactions en dessous de 10 euros à partir du 1er septembre 2020, de 20 euros au 1er janvier 2021, puis en dessous de 30 euros à l'horizon du 1er janvier 2022. A l'origine de la mesure, la députée LREM de l'Hérault Patricia Mirallès explique qu'il ne s'agissait pas d'interdire complètement les tickets de caisse et de carte bancaire, mais de « promouvoir le caractère à la demande » de l'impression. Destinée à éviter un gaspillage inutile de papier, mais aussi à limiter les effets négatifs des perturbateurs endocriniens contenus dans les tickets de caisse, la mesure suscite de vifs débats.

Vérifier les prix sera plus compliqué

Le député Les Républicains Vincent Descoeur craint ainsi que le consommateur n'est plus la possibilité de vérifier le montant de ses achats. « Le ticket de caisse est avant tout une preuve d’achat, à laquelle les clients sont très attachés. Je suis moi-même commerçante et je peux vous assurer, pour avoir vendu sur les marchés durant trente ans, que le client tient à vérifier ses achats sur le ticket », abonde sa collègue Isabelle Valentin

Un argument qui rejoint l’une des inquiétudes exprimées récemment dans 60 millions de consommateurs. « Le ticket de caisse permet de vérifier immédiatement que les prix scannés en caisse et payés sont conformes aux prix affichés en rayon. Il indique également si les réductions éventuelles ont bien été prises en compte. En cela, il reste indispensable aux consommateurs, d’autant que les erreurs de prix sont fréquentes », souligne le magazine.

Le ticket dématérialisé est mauvais pour l'environnement

Face à la possibilité d'envoyer par email les preuves d'achat au consommateur plutôt que de les imprimer, plusieurs députés appellent à être vigilants quant à la protection des données des consommateurs que les commerçants pourront ainsi collecter. » Si cette démarche peut sembler écologique, elle permet avant tout de récupérer les adresses mail des clients pour leur adresser des offres commerciales. Par ailleurs, envoyer un courrier électronique avec une pièce jointe aurait un impact environnemental quasi identique à celui du ticket papier », pointe 60 millions de consommateurs.

On peut déjà se passer du ticket

Selon le magazine édité par l'Institut national de la consommation (INC), si le client ne l’exige pas, la loi permet déjà d’éviter l’impression systématique du ticket par les commerçants, sauf pour les bouchers et les charcutiers. « Le professionnel est seulement tenu de fournir une note lorsqu’il vend un service et que la prestation coûte 25 euros ou plus – ou quel que soit le montant, si le client le réclame », précise 60 millions de consommateurs.

Un support utile pour faire son budget

Et d’ajouter que de nombreux foyers utilisent les tickets de caisse papier pour établir et suivre le budget de leur ménage. « Ils servent à faire nos comptes, à rester maître de la gestion des achats et à connaître le détail des prix des produits qu’on achète régulièrement », illustre par exemple une lectrice du magazine.

« C'est de l'emmerdement des commerçants »

Autre réticence avancée par plusieurs parlementaires : une difficulté supplémentaire pour les commerçants. Sophie Auconie (UDI-Agir) demande ainsi à leur laisser le « temps de la transition » pour s'équiper de caisses leur permettant de ne pas imprimer les tickets systématiquement. « Aucune étude d’impact n’a été lancée et cette mesure a été prise sans concertation avec les commerçants, ni les clients d’ailleurs, bien qu’elle concerne l’ensemble des commerçants, des hôteliers et des restaurateurs, soit un million de personnes, qui n’auront pas forcément les moyens financiers d’acquérir un nouveau logiciel de caisse. Ces professionnels souffrent, vous le savez. Les centres-villes se désertifient et les commerçants n’ont pas besoin de soucis supplémentaires », souligne la députée Les Républicains Isabelle Valentin. La meilleure punchline du débat, mais pas forcément la plus constructive, revient au député MoDem Bruno Millienne. A ses yeux, la mesure « n'est pas de la vraie écologie, mais de l'emmerdement des commerçants ».

Les bons d’achat dans le viseur

Les députés ont précisé que le dispositif concernera aussi les bons d'achats et les tickets délivrés par les automates (comme dans certaines pompes à essence par exemple), mais à partir de janvier 2023. Ils ont également étendu le dispositif aux établissements accueillant du public.