Un nombre croissant de nouveaux acteurs ciblent les petites et moyennes entreprises. Certains décident de moderniser le compte bancaire. D’autres se concentrent sur un service spécifique. C'est le cas d'Agicap qui propose une application permettant aux entreprises d'anticiper un besoin de financement et ainsi de mieux gérer leur trésorerie.

Dans le vaste univers de la Fintech – nom donné aux start-ups qui mélangent services bancaires et technologie – se distinguent schématiquement deux modèles. D’un côté, les jeunes pousses qui s’emparent de services existants mais améliorent l’interface. De l’autre côté, il y a les fintechs décelant un nouveau besoin ou un manque, qui n’est pas totalement couvert par l’industrie bancaire traditionnel, et tentent d'y répondre. C’est plutôt à cette deuxième catégorie qu’appartient Agicap, première start-up de notre série consacrée aux « fintechs qui dépoussièrent les services pour les PME ».

Le logiciel qui prévoit les décalages de trésorerie

Lancée commercialement en 2017, Agicap est une application qui permet aux entreprises de suivre et d’anticiper leurs besoins de trésorerie. La fintech base d’une part ses prévisions sur leurs dépenses et leurs paiements récurrents et, d’autre part, sur les données comptables des sociétés. « Les algorithmes de machine learning [apprentissage automatique, NDLR] que nous avons développés, permettent de mettre à jour quotidiennement les prévisions de trésorerie en fonction des flux de trésorerie réels », nous a ainsi détaillé Clément Mauguet, son co-fondateur.

Agicap ne s’appuie pas sur les seules données de l’entreprise, ses analyses se fondent également sur celles collectées pour des sociétés semblables. « La qualité des prévisions s’améliore continuellement en comparant en permanence les cibles fixées avec la trésorerie réellement disponible et en s’appuyant sur les données de l’entreprise et de ses pairs (même secteur d’activité, même taille, etc.) », explique ainsi le co-fondateur. Au-delà de 4 à 6 mois nécessaires pour obtenir une volumétrie suffisante, « les algorithmes réalisent automatiquement plus de 80% des prévisions d’encaissements et de décaissements de la société », développe-t-il. « Il suffit alors au dirigeant de compléter ces prévisions avec des événements exceptionnels (et donc non prédictibles) pour disposer d’une visibilité optimale sur la santé financière à venir de son activité. »

2 000 clients attendus d'ici fin 2019

Sur cette base, l’entrepreneur peut définir un cap à atteindre (chiffre d’affaires, objectif de rentabilité…) et ensuite paramétrer des « scénarios », à savoir des hypothèses comme un recrutement, la perte d’un client. Il voit ainsi comment ceux-ci pourraient impacter sa trésorerie et l’objectif fixé. A terme, Agicap prévoit de proposer des solutions de financement dans son interface. « De nouveaux partenariats, pour financer le recouvrement des créances, sont en projet », ajoute son co-fondateur. Ce dernier nous ayant également indiqué être en discussion avec deux banques de la place afin d’intégrer l’outil à leur portail.

La start-up cible les TPE réalisant entre 500 000 et 1 million d’euros de chiffre d’affaires annuel, comme les PME facturant de 20 à 30 millions d’euros chaque année. La société compte 12 salariés. Et, après un an de commercialisation, elle revendique 500 clients et espère en compter 2 000 d’ici fin 2019. Agicap facture ses services sous la forme d’un abonnement, allant de 19 euros à 60 euros hors taxes par mois. Le prix variant en fonction de la société, des services inclus et de la périodicité de la facturation.

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