Bruno Le Maire a défendu la réforme controversée de l'ISF lors de l'ouverture du débat budgétaire mardi à l'Assemblée, car « il faut attirer les investisseurs et non pas les repousser », refusant de la conditionner à des engagements d'investissement.

« Il est bon que les promesses soient tenues et la parole respectée », a affirmé le ministre des Finances dans l'hémicycle, en référence à la campagne présidentielle. « Sans capital, pas d'investissement. Sans investissement, pas d'innovation. Sans innovation, pas d'emploi », a justifié cet ex-LR devenu LREM.

Bruno Le Maire s'est aussi dit favorable aux amendements LREM de surtaxation de certains biens luxueux, « tout en restant vigilants à ne pas pénaliser certaines filières d'excellence, comme celle des navires de plaisance ».

Mission de suivi

Le ministre s'est aussi exprimé sur « l'absence de fléchage » des capitaux économisés par les contribuables grâce à la suppression de l'ISF, dénoncée à gauche par des députés qui auraient voulu que l'économie soit conditionnée à une utilisation pour le financement des entreprises. « Nous croyons que la conditionnalité est contre-productive, qu'elle crée le doute », a plaidé Bruno Le Maire.

En revanche, le ministre a déclaré soutenir la mise en place d'une mission de suivi de « l'investissement des entreprises, l'attractivité du territoire, l'emploi et les inégalités de revenus et de patrimoine ». Bruno Le Maire souhaite que cette mission soit composée de quatre parlementaires, dont deux de l'opposition, de membres de la Cour des comptes, de représentants du Trésor et de l'INSEE ainsi que de personnalités. « Un premier rapport sera transmis au Parlement avant le 1er avril 2020 », a-t-il précisé.

La flat tax, un « gage de simplicité »

Il a également défendu l'introduction d'une « flat tax » de 30%, au motif que « nos taux marginaux d'imposition du capital sont particulièrement pénalisants : 62% pour les intérêts et 44% pour les dividendes. Ces deux taux sont de 26% en Allemagne ». « Ce sera un gage de simplicité et de meilleur financement de notre économie », a encore assuré Bruno Le Maire.

Plus généralement sur le projet de budget 2018, le gouvernement a estimé avoir « fait le choix de la sincérité et de la prudence » avec une hypothèse de croissance de 1,7%. Un choix qu'a ensuite détaillé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin (issu de LR), en martelant que « la réduction de la dépense publique est une priorité pour satisfaire aux objectifs budgétaires du quinquennat : moins d'impôts, moins de déficit et moins de dette ».

« L'assainissement de nos finances publiques ne se fera pas sans les Français. Il ne se fera pas non plus contre eux. L'effort est exigeant mais pas intransigeant », a-t-il jugé. Et de vanter l'impact annuel des mesures de « pouvoir d'achat » (suppression progressive de la taxe d'habitation, des cotisations maladie et chômage, hausse de la prime d'activité et de certains minimas sociaux). Cela rend « l'accusation de budget des riches déplacée », a ensuite ajouté le rapporteur général du Budget, Joël Giraud (LREM, issu du PRG).