Depuis 15 ans, l’ancien homme d’affaires Bernard Tapie est en litige avec le Crédit Lyonnais dans le cadre de l’affaire Adidas. Il s'estime floué d'une plus-value importante réalisée par la banque lors de la vente d'Adidas.

En octobre 2007, « les administrateurs représentant l'Etat ont reçu pour instruction du ministre (de l'Economie) de se prononcer en faveur de la proposition » de tribunal arbitral, émise par Bernard Tapie plutôt que de poursuivre la voie judiciaire normale.

Selon Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde, l’arbitrage a été accepté « à la condition expresse que les demandes des liquidateurs du groupe Bernard Tapie soient revues à la baisse, de 7,1 milliards d'euros à 345 millions ». Le 11 juillet, ce tribunal, formé de trois personnalités, a condamné le CDR (consortium de réalisation qui gère le passif du Crédit Lyonnais) à verser 285 millions d'euros à ces liquidateurs.

Cette décision a suscité l'indignation de plusieurs personnalités. François Bayrou (MoDem), a dénoncé « les protections au plus haut niveau » dont aurait, selon lui, bénéficié l’homme d'affaires. L’ancienne juge Eva Joly qualifie la manœuvre d’ « extravagante » et dénonce « un président de la République qui donne des instructions dans l'intérêt non pas de l'Etat, mais dans celui de ses alliés politiques ou de ses amis ».

M. Tapie a déclaré à l'AFP que le président Nicolas Sarkozy n'était « pour rien » dans la décision. De son côté, Didier Migaud, président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, a annoncé que Bernard Tapie serait auditionné courant septembre. Par ailleurs, Bernard Tapie s'est engagé « à rendre public le montant net lui revenant », qu'il estime « se situer dans la fourchette de 20 à 40 millions d'euros », indiquent ses avocats Maurice Lantourne et Jean-Paul Petreschi dans un communiqué.

7 juillet 1990

Le groupe Bernard Tapie achète 80% d'Adidas pour 244 millions d'euros, puis rachète 6 mois plus tard les 15% d'Adidas encore détenus par le groupe suisse Metro.

18 décembre 1992

Bernard Tapie met en vente Adidas pour 317 millions d'euros.

15 fév 1993

Vente d'Adidas pour 315,5 millions d'euros à un groupe d'investisseurs, dont le Crédit Lyonnais (CL).

1994

8 novembre : Bernard Tapie affirme que le CL détient de façon occulte plus que les 19,9% officiels d'Adidas. La banque dément.

14 décembre : Tapie est personnellement placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris (TCP).

26 décembre : Robert Louis-Dreyfus, président du Directoire d'Adidas depuis avril 1993, prend le contrôle d'Adidas pour 701 millions d'euros.

1995

4 juillet : Bernard Tapie réclame au CL les 229 millions de plus-value dégagés lors de la cession.

17 novembre : Louis-Dreyfus introduit Adidas à la Bourse de Francfort pour 1,677 milliard d'euros

7 novembre 1996

Le TCP condamne le CL à verser à Tapie une provision de 91,5 millions d'euros.

12 octobre 1998

Devant le TCP, Tapie réclame 990 millions d'euros au CL pour « montage frauduleux ». Le tribunal transfère le dossier à la cour d'appel et annule la provision de 91,5 M EUR.

12 novembre 2004

La cour d'appel de Paris autorise une médiation entre Tapie et l'Etat pour un accord amiable.

2005

12 avril : échec de la médiation. Tapie réclame toujours 990 millions d'euros.

30 septembre : la cour d'appel condamne le Consortium de réalisation (CDR), gestionnaire du passif du CL, à payer 135 millions d'euros à Tapie. Elle fixe le préjudice de Tapie à 66 millions d'euros augmentés de l'inflation et de la hausse du titre Adidas.

2006

9 octobre : La Cour de cassation casse l'arrêt de la cour d'appel de Paris et annule de fait l'indemnisation de 135 millions d'euros.

10 octobre : le président du CDR se déclare prêt à « reprendre une discussion » avec les liquidateurs de Bernard Tapie Finance sur la base de la proposition faite par le médiateur Jean-François Burgelin en 2005. Tapie répond que le CL « n'échappera pas à une nouvelle convocation devant la cour d'appel », sans toutefois rejeter tout à fait l'idée d'une négociation, souhaitée par Bercy.

25 octobre 2007

Le CDR accepte la saisine d'un tribunal arbitral, proposée par les liquidateurs

11 juillet 2008

Le tribunal arbitral condamne le CDR à verser 285 millions d'euros à Bernard Tapie.