Le président de la commission des Finances Gilles Carrez (UMP), ainsi que d'anciens poids lourds du gouvernement Fillon, ont attaqué le gouvernement Ayrault sur la suppression des exonérations liées aux heures supplémentaires, estimant qu'elle allait rogner le pouvoir d'achat.

Comme il l'avait indiqué pendant la campagne électorale, le gouvernement a prévu de supprimer les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, mesure phare du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Cette mesure fait partie du projet de loi de finances rectificative (PLFR) présenté mercredi.

L'ancien rapporteur du Budget, l'UMP Gilles Carrez, a tiré le premier en demandant confirmation de chiffres (2,8 milliards d'euros pour les cotisations sociales, 1,4 milliard pour les exonérations d'impôt) et a expliqué que la mesure allait enlever « 500 euros par an par salarié ». « Est-ce que vous classez ces salariés dans les catégories les plus aisées ? », a-t-il lancé dans une commission des Finances pleine à craquer.

« Les chiffres que j'ai, moi, c'est 2,8 milliards d'euros et 9 millions de salariés, cela donne plutôt une moyenne de 300 euros par an par salarié, et pas de 500 », a répondu le ministre de l'Economie Pierre Moscovici. Il a confirmé que les entreprises de moins de 20 salariés seraient aussi concernées par la suppression des exonérations, pour les cotisations salariales. Les exonérations seront en revanche maintenues dans ces petites entreprises pour les cotisations patronales.

« Une majorité de salariés n'en bénéficiaient pas, notamment les salariés à temps partiel et il faut se souvenir que cette exonération était proportionnelle au salaire », a-t-il argumenté. Et le ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac a expliqué ironiquement que « la divergence n'était pas nouvelle ».

Un collectif « très anti-sarkozyste »

En sortant de la commission des Finances, l'ancien ministre des Finances François Baroin a jugé qu'il y avait une « contradiction entre la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires et l'augmentation du Smic ». « On ne peut pas envoyer deux messages contradictoires sur le pouvoir d'achat, ça risque d'asphyxier l'économie ! », a-t-il poursuivi.

« L'essentiel de vos ajustements portent sur les ménages et les familles modestes », a pour sa part commenté Laurent Wauquiez. Le député Charles de Courson (Nouveau centre) a, lui, jugé que la fin de l'exonération des heures supplémentaires allait « faire chuter le pouvoir d'achat de 25% ». « C'est un PLFR idéologique, très anti-sarkozyste, vous détricotez des mesures que vous avez combattues », a commenté l'ancien ministre Eric Woerth.