Profitant d'une pause dans les débats à l'Assemblée sur les retraites, Elisabeth Borne est allée à la rencontre de salariés près de Tourcoing (Nord) avec Gérald Darmanin pour défendre les mesures d'accompagnement de sa réforme, sans revenir sur le très contesté report de l'âge.

« Je suis à l'écoute de vos réactions, de vos questions, de vos inquiétudes », lance en préambule la Première ministre debout devant une trentaine de salariés de l'entreprise Sarbec Cosmetics, qui fabrique des cosmétiques et des produits de désinfection à Neuville-en-Ferrain. Il s'agit de sa première visite annoncée sur son projet, après deux déplacements plus discrets dans le Calvados et dans le Val-de-Marne.

Entre deux journées de mobilisation des syndicats, mardi et samedi, contre sa réforme, dont les députés ont débuté l'examen dans une ambiance électrique, Elisabeth Borne répète que les Français devront « travailler progressivement plus longtemps » jusqu'à 64 ans, au lieu de 62 actuellement, pour « assurer l'avenir du système de retraites par répartition ».

Mais elle fait aussi valoir que seuls quatre Français sur dix partiront à 64 ans, compte tenu des mesures prévues pour ceux qui ont commencé à travailler tôt (carrières longues) ou sont dans des métiers pénibles.

Une femme d'une cinquantaine d'années, qui a démarré sa carrière à 18 ans, lui demande si sa pension subira une décote. « Entre 16 ans et 20 ans, vous pouvez partir à 60 ans » ou à 62 ans, avec une retraite « à taux plein », assure Elisabeth Borne. La même salariée reprend le micro. Elle craint de travailler « jusqu'à 70 ans » ou de connaître une nouvelle réforme si, « dans le 10 ans le problème (de la diminution du nombre d'actifs) n'est pas résolu ».

« Pour ne pas avoir à demander tous les 10 ans une réforme, il faut qu'on permette aux couples d'avoir des enfants », et favoriser le plein emploi, plaide la Première ministre.

Mais « pourquoi vous prenez à nous, les ouvriers, et pas à d'autres »

Mais « pourquoi vous prenez à nous, les ouvriers, et pas à d'autres » s'exclame une autre femme en blouse blanche.

Gérald Darmanin s'empare alors du micro : le gouvernement ne « prend pas aux plus riches » parce que « ce serait absurde économiquemment » et « ça ne compenserait pas » suffisamment le système.

« Si on taxe le capital, on va réduire les investissements, moins de gens vont travailler et moins de gens vont cotiser », ajoute le ministre de l'Intérieur, élu du Nord.

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Un autre salarié évoque la retraite « par capitalisation », solution balayée par le ministre qui énumère les risques liés à un tel système du « chacun pour soi ».

Plusieurs interventions suivent, sur l'emploi des seniors, très faible en France.

Après les échanges, Gérald Darmanin va saluer quelques salariées. « On est toujours en train de taper sur les actifs » quand certains, sans travailler, « gagnent plus que le Smic », s'indigne l'une d'elles.

C'est pour ça que « la réforme de l'assurance chômage a été faite », explique le ministre. « Quand les gens refusent des emplois, ils n'ont plus d'assurance chômage ».