La précarité énergétique est encore importante en France. En 2023, plus d'un million d'interventions (coupures ou limitations de puissance) pour impayés d'électricité ou de gaz ont été recensées par le Médiateur de l'énergie, soit une hausse de 3% par rapport à 2022.  

De plus en plus de Français font face à des difficultés pour payer leurs factures d'énergie. Les statistiques publiées ce vendredi 26 avril par le Médiateur de l'énergie montrent que les interventions pour impayés augmentent. Pour la première fois en 2023, le cap d'un million a été franchis. « En électricité, 913 611 interventions pour impayés ont été réalisées (178 015 coupures et 735 596 limitations de puissance), 10 fois plus qu'en gaz (87 297 coupures) », relève le médiateur. L'année dernière déjà, une hausse avait déjà été constatée.

Les limitations de puissance en hausse

« Les fournisseurs d'électricité choisissent davantage la limitation de puissance en cas d'impayés », note le communiqué. En 2023, il y en a eu 735 596, soit une hausse de 15% par rapport à 2022. Les coupures d'électricité et de gaz ont quant à elle baissé de 18%.

Un « changement de pratiques de certains fournisseurs qui ne font plus couper l'électricité chez leurs clients en cas d'impayé »

« Cette évolution est liée au changement de pratiques de certains fournisseurs qui ne font plus couper l'électricité chez leurs clients en cas d'impayé, mais également à une évolution de la réglementation. En effet, depuis février 2023, en dehors de la trêve hivernale et en cas d'impayés, les fournisseurs ont l'obligation de demander, pour les bénéficiaires du chèque énergie ou d'une aide du fonds de solidarité pour le logement, une limitation de la puissance en électricité préalablement à la coupure ou à la résiliation », explique le Médiateur de l'énergie.

Plaidoyer pour un droit à une alimentation minimale

Depuis 2021, il plaide pour instaurer un droit à une alimentation minimale en électricité pour les résidences principales. Objectif, interdire les coupures d'électricité tout au long de l'année (elles sont aujourd'hui encore possibles hors trêve hivernale) pour impayés, en les remplaçant par une limitation de la puissance du compteur d'électricité. Une mesure déjà appliquée par EDF.

« Il n'est pas acceptable, dans un pays comme la France, au 21ème siècle, que des foyers puissent se retrouver dans une telle situation de précarité et de pauvreté et soient l'objet de coupures d'électricité, qui sont d'une très grande violence », déplore le médiateur. Un combat aussi porté par la Fondation Abbé Pierre. Fin 2023, plusieurs députés avaient également fait une proposition de loi dans ce sens.