Faut-il ou non baisser la consommation électrique ? Preuve que le sujet intéresse les Français au plus haut point, le nombre de téléchargements du dispositif EcoWatt a doublé ce week-end. Il présente en temps réel la tension sur le réseau électrique cet hiver et anticipe les coupures de courant.

Aucune panique, mais tout de même : les pouvoirs publics préparent d'éventuelles coupures de courant programmées et ciblées cet hiver en cas de surcharge du réseau électrique. Preuve que le message est en train de passer après la promotion des écogestes cet automne, les Français sont 700 000 à avoir téléchargé l'application EcoWatt. « Nous avions 300 000 téléchargements cette semaine. On était à 700 000 téléchargements dimanche soir, cela a doublé en quelques jours », s'est félicité Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE sur France Inter.

EcoWatt est la pierre angulaire du dispositif hivernal du gouvernement. Le réseau de distribution électrique RTE et l'agence gouvernementale Ademe ont développé ensemble, une météo de l'électricité avec le dispositif EcoWatt qui alerte jusqu'à 3 jours avant les abonnés du service. Il invite ensuite les Français à adapter leur consommation en conséquence et ainsi éviter une coupure pénalisante pour tous.

EcoWatt est ouvert aux particuliers comme aux entreprises et propose, en direct, le détail heure par heure des moments de tension, sur l'ensemble du pays mais aussi région par région. Le programme a d'abord été déployé en Bretagne, en PACA, en Normandie et Île-de-France avant d'être étendu à l'ensemble de la France en 2020.

Selon RTE, la très grande majorité des situations à risque se situent le matin entre 8h et 13h et le soir entre 18h et 20h, notamment pendant la période de vigilance principalement en novembre et en décembre.

EcoWatt rouge

Bien qu'aucun black-out ne soit à craindre cet hiver, lors d'un point presse organisé mercredi 14 septembre, RTE a insisté sur le rôle dévolu à EcoWatt cet hiver face à la crise de l'énergie et aux « inquiétudes » sur l'approvisionnement en gaz, la situation énergétique dans les pays voisins, l'évolution de la demande, et le rythme de redémarrage des réacteurs nucléaires français.

Actuellement les voyants sont au vert et « en cas d'hiver doux notamment, et à part dans le scénario dégradé, la probabilité de devoir faire appel au signal Ecowatt rouge est infime, explique RTE. De manière générale, si les conditions météorologiques ne s'écartent pas trop des normales de saison, le risque de déséquilibre demeure faible (de l'ordre de trois émissions du signal Ecowatt rouge au cours de l'ensemble de la période). » Dans le pire des cas, il faudrait baisser la consommation nationale dans des proportions comprises entre 1 à 5%. En cas de conditions météorologiques extrêmes, cet effort pourrait aller jusqu'à 15%.

Un signal EcoWatt rouge, qui n'a jamais été utilisé, signifie donc que le système électrique est très tendu et que des coupures sont inévitables en l'absence d'éco-gestes de la part des consommateurs. C'est alors que l'alerte EcoWatt doit produire son effet. Dans les cas rares où tous les besoins en électricité ne pourraient pas être couverts, des coupures locales, maîtrisées et d'une durée maximale de 2 heures pourraient être organisées. Le site Écowatt donnera alors toutes les informations en temps réel pour faire face à la situation d'urgence.

Education à la consommation électrique

Mais au-delà d'un système efficace d'alerte, Ecowatt a aussi un rôle éducatif. Il doit aider les Français à mieux consommer l'électricité lorsque la consommation est élevée. « Nous pouvons écarter une large partie des risques si nous sommes très volontaristes sur la sobriété », explique Xavier Piechaczyk, président de RTE. Par exemple, grâce à EcoWatt, lors des vagues de froid en hiver il faudra consommer au meilleur moment, par exemple en baissant ou reportant sa consommation de chauffage, d'éclairage ou de cuisson mais aussi en rechargeant sa voiture électrique lorsque la production d'électricité renouvelable est forte.

Autre exemple valorisé par la RTE : « si tous les Français éteignaient une seule ampoule, ce seraient 600 mégawatts qui seraient économisés, soit l'équivalent de la consommation électrique d'une ville comme Toulouse. » Un exemple qui montre l'impact des éco-gestes à l'approche de l'hiver.