En 8 ans, l’assurance vie sous gestion pilotée en unités de compte a vu ses encours multiplier par 3, selon les chiffres que vient de dévoiler l’Autorité des marchés financiers.

Vous connaissez la « loi de Say » selon laquelle l’offre crée sa propre demande ? Eh bien, en finances personnelles, la gestion pilotée en assurance vie donne une bonne illustration de cette théorie économique. En effet, ces dernières années, dans un contexte où les assureurs veulent limiter les versements sur les fonds euros, les distributeurs ont mis sur le devant de la scène leurs mandats d’arbitrage. Argument massue : permettre ainsi aux épargnants de diversifier facilement leur patrimoine et de doper sur le long terme le rendement de leur contrat en s’ouvrant aux fonds non garantis. Et cette mise en avant s'est effectivement accompagnée d'une montée en puissance des mandats en assurance vie.

Selon l’Autorité des marchés financiers, la part des sociétés de gestion qui gèrent des mandats d’arbitrage en assurance vie est passée de 10,8% en 2011 à 16,2% en 2012 pour atteindre 18,3% en 2019. L’AMF souligne tout de même que cette proportion est restée plutôt constante ces dernières années « entre 18% et 19%, soit 111 sociétés de gestion au 31 décembre 2019 ». En revanche, les sommes qui sont confiées à ces gérants sont, quant à elle, loin d’être stables. Au contraire, elles flambent.

21,6 milliards d'euros en mandat

« En 2019, ces sociétés de gestion gèrent en moyenne 195 millions d’euros d’actifs en mandats d’unités de compte, soit deux fois plus qu’il y a cinq ans, étant donné que le volume d’encours pour cette activité croît plus vite que le nombre de sociétés qui en déclarent », rapporte le gendarme boursier. Au final, la gestion pilotée en unités de compte représente 21,6 milliards d’euros à fin 2019, contre 6,7 milliards d’euros fin 2011. Par rapport aux quelques 1 800 milliards d’euros épargnés en assurance vie (1 783 milliards d’euros fin 2019), dont plus des trois quarts sont affectés sur les fonds euros (1 392 milliards d’euros fin 2019), les mandats d’arbitrage ont encore une belle marge de progression.

Pour rappel, à la différence d’une assurance vie en gestion libre, l’épargnant qui signe un mandat de gestion confie à un gérant d’actifs la mission de sélectionner les unités de compte et d’en changer au gré de ses convictions. Principale contrainte pour le gestionnaire : se conformer au profil de risque choisi par son client. Mais, de plus en plus, les mandats intègrent une seconde contrainte, celle-ci est d'ordre thématique. Les courtiers communiquent sur de nouvelles gestions pilotées investies dans un pan de l’économie précis, avec comme best-seller la transition énergétique. Illustration récente avec le lancement, ce 6 avril, de trois nouveaux mandats d’arbitrages baptisés « Développement durable », « Enjeux d’avenir » et « Bien vieillir » sur le contrat Ethic Vie, assuré par Suravenir et distribué par Patrimea.

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