Emmanuel Macron a rejeté lundi l'idée d'un budget rectificatif pour 2024, qui pourrait ouvrir la voie à une motion de censure de l'opposition, et fustigé les ministres qui se prennent des « leçons de sérieux budgétaire matin, midi et soir », selon des propos rapportés par Le Figaro et confirmés à l'AFP par un participant.

« J'entends parler de PLFR (projet de loi de finances rectificatives, ndlr). Je n'en vois pas l'intérêt. Le gouvernement doit faire les choses avec sérieux pour tenir nos objectifs », a-t-il dit lors de la traditionnelle réunion de coordination hebdomadaire de la majorité à l'Elysée lors de laquelle il a fait une apparition surprise.

« Nous n'avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes », a-t-il ajouté, en référence au manque à gagner fiscal induit par une croissance plus faible.

Un tel projet de loi pourrait donner lieu à une motion de censure, une menace que Les Républicains agitent de façon de plus en plus pressante.

Dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, leur président, Eric Ciotti, a fixé samedi les « lignes rouges » de LR (hausses d'impôts, désindexation des retraites, dépenses de santé) au-delà desquelles le parti « n'hésiter(a) pas » à déposer une motion de censure contre le gouvernement.

Le déficit public de la France a atteint 5,5% du PIB en 2023, selon l'Insee, soit 15,8 milliards d'euros de plus que ce qu'avait prévu le gouvernement.

La dégradation des comptes publics a conduit l'exécutif à annoncer 10 milliards d'euros d'économies dès cette année, et « au moins 20 milliards » l'année prochaine.

« Le gouvernement se met dans une situation où il se prend des leçons de sérieux budgétaire matin, midi et soir par des gens qui n'ont pas voulu voter l'année dernière la réforme des retraites », a poursuivi Emmanuel Macron, visant les LR. « Ce sont les mêmes qui ne proposent que des dépenses supplémentaires », a-t-il ajouté, selon des propos rapportés par un participant à l'AFP.

« Si on commence à péter la confiance, c'est fini. Il n'y a rien de plus dur à gagner. Cela fait sept ans que l'on produit des résultats sur les questions (économiques). Donc on tient le cap », a-t-il lancé, semblant viser une nouvelle fois son ministre de l'Economie Bruno Le Maire, qu'il a déjà eu l'occasion de recadrer sur ces sujets.

Le chef de l'État a aussi prévenu que « dans les prochains jours, chacun sera responsabilisé sur ses propres dépenses ». « Il ne faut pas que ça soit la foire à la saucisse. Il faut le calme des vieilles troupes », a-t-il poursuivi, en ciblant notamment les partenaires sociaux et les collectivités territoriales.