RSA, aide au logement, prime d'activité... Chaque année, les Français font l'impasse sur 10 milliards d'euros d'aides sociales versées par les CAF. Mais pourquoi un tel non-recours ? Une enquête de la Drees publiée ce mercredi livre des pistes d'explication.

RSA, prime d'activité, allocations familiales, aides au logement, allocation aux adultes handicapés (AAH), complémentaire santé solidaire (CSS), allocation personnalisée d'autonomie (APA), allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa)... Ces aides sociales sont versées par les CAF à des millions de bénéficiaires. Et dans le même temps, des centaines de milliers de personnes éligibles, au moins, oublient de les réclamer pour un montant estimé à 10 milliards d'euros chaque année. Mais pourquoi donc ?

Publié ce mercredi matin, le dernier baromètre de la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees) sur la perception des inégalités et l'opinion des individus sur les politiques sociales et de santé, apporte des pistes d'explications.

Le manque d'information pointé du doigt

Selon cette enquête menée auprès d'un échantillon de 4 000 personnes représentatif de la population française résidant en France métropolitaine âgée de 18 ans ou plus, le non-recours aux aides sociales est principalement lié au manque d'information. C'est l'avis de 39% des sondés.

La seconde raison tient aux démarches jugées trop complexes ou trop longues (23%), suivie par la crainte des conséquences négatives (18%) et le souhait de s'en sortir soi-même sans dépendre de l'aide sociale ou de ne pas être considéré comme un assisté (16%).

« Le manque d'information, s'il reste le motif principal de non-recours le plus souvent évoqué par les personnes interrogées, l'est toutefois de moins en moins. Sa part a baissé de 17 points de pourcentage entre 2016 et 2021, essentiellement au profit de la crainte de subir des conséquences négatives (+10 points) », précise la Drees.

Des dispositifs moins connus des jeunes

Cette étude de la Drees constate par ailleurs que les jeunes ont une moins bonne connaissance des prestations que les personnes plus âgées, notamment que les 35-49 ans. « Enfin, toutes choses égales par ailleurs, la connaissance précise des dispositifs du RSA, de la prime d'activité, de l'AAH, de l'APA et du minimum vieillesse (Aspa) est bien moins fréquente parmi les immigrés que parmi les personnes nées en France », signale l'étude.

Autre élément d'analyse relevé : près des trois quarts des personnes estiment que le non-recours aux aides sociales est élevé. « Cette opinion est moins partagée par les plus diplômés et les plus aisés financièrement, ainsi que par ceux qui s'estiment moins attachés à l'intervention publique », souligne la Drees.

Une demande simplifiée à venir pour les aides sociales

Cette enquête rappelle par exemple que le non-recours concerne une personne seule sur deux pour le minimum vieillesse (Aspa). Et parmi les foyers éligibles au revenu de solidarité active (RSA), 34% sont non recourants en moyenne chaque trimestre et 20% le sont de façon pérenne trois trimestres consécutifs. « Des taux de non-recours comparables sont observés dans d'autres pays », signale la Drees.

Pour limiter le non-recours aux aides sociales, le gouvernement a récemment annoncé la mise en place d'un dispositif de demande simplifiée.