« Qu'il fasse preuve d'un tout petit peu de cohérence » : le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a dénoncé mardi sur France Inter les critiques du Medef sur le projet de budget de la France pour 2023, présenté la veille.

Au lendemain d'un communiqué dans lequel la première organisation patronale regrettait une « accoutumance à la dépense publique », le numéro deux du gouvernement, encore copieusement applaudi fin août lors de l'université d'été du Medef, a jugé la critique « un peu fort de café ».

« Le Medef trouve qu'on alourdit la dette et le déficit public ? Je leur fais une proposition : il n'y a qu'à renoncer à baisser les impôts de production, ça coûte huit milliards d'euros, on fera une économie », a ironisé Bruno Le Maire.

Dans son projet de budget, le gouvernement prévoit en effet de supprimer d'ici 2024 la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), une demande du patronat qui représente une perte de recettes fiscales de huit milliards d'euros.

La réforme des retraites pour faire des économies

« Si le Medef veut véritablement que nous réduisions le déficit et la dette, qu'il arrête de soutenir du bout des lèvres la réforme des retraites, qu'il la soutienne avec enthousiasme et détermination », a fulminé le ministre. « C'est huit à neuf milliards d'euros d'économies au bout du quinquennat ».

« Si le Medef veut qu'on réduise la dépense publique, la commission Labaronne (un groupe de députés chargé de proposer des pistes de réduction de la dépense publique, NDLR) a identifié tous les crédits d'impôt dont bénéficient les entreprises », a indiqué Bruno Le Maire.

« Qu'il vienne identifier avec nous les crédits d'impôts que nous pourrions réduire et qu'il fasse preuve d'un tout petit peu de cohérence », a conclu le ministre, sur un ton inhabituellement sec envers le patronat.

Dans son communiqué publié lundi, le Medef avait souligné que les dépenses courantes hors crise allaient augmenter de « plus de 62 milliards d'euros en 2023 ».

« La France continue de vivre au-dessus de ses moyens », avait estimé l'organisation patronale.

Sur un ton plus modéré, l'Union des entreprises de proximité (U2P) avait déploré lundi une « limite » dans le projet de budget pour 2023.

Selon l'organisation qui représente les artisans et les commerces de proximité, le texte « va contribuer à alourdir la charge de la dette du pays sans qu'il soit possible de garantir le niveau de croissance qui sera atteint en 2023 ».