Le PEL toujours plus haut. L'argent des Français qui dort sur les comptes courants... Chaque mois, les annonces de statistiques de collecte laissent entendre que les Français chamboulent leur épargne. Malgré tout, la moitié de leurs économies restent stockées sur les livrets et l’assurance-vie.

Les rendements des produits non risqués qui n’en finissent plus de se rapprocher de zéro. Les rendements des produits risqués qui ont chuté fin 2015 et début 2016. Face à ces évolutions, les Français ne prennent plus la peine de placer leur habituelle épargne de précaution. Ces tendances, avérées, bouleversent-elles vraiment le paysage de l’épargne en France ? Lorsque l’on s’intéresse à l’encours global de chaque grande famille de placements, sur la base de l’étude « épargne des ménages » de la Banque de France, les sommes placées sont telles que l’ordre établi est loin d’être bousculé.

L’assurance-vie, largement n°1

Indémodable assurance-vie. En 2000, elle représentait 27% des placements financiers des ménages français, en termes de montant, selon la Banque de France. Le dernier baromètre de l’épargne des ménages de l’institution permet de mesurer l’importance toujours grandissante de l’assurance-vie en France : elle pèse 37% du portefeuille des Français à la fin 2015 ! Plus exactement, l’assurance-vie en euros pèse pour 1.375 milliards d’euros selon l’estimation de la Banque de France, et l’assurance-vie en unités de compte 284 milliards d’euros. Soit, au total, 37% des 4.461 milliards d’euros composant les « principaux placements financiers » des ménages français à la fin 2015. Rien n’indique que cette tendance pourrait s’inverser. La Banque de France estime à près de 10 milliards d’euros la collecte nette sur les trois premiers mois de l’année 2016.

Cependant, si l’assurance-vie est le premier placement des ménages français, en montant, elle n’est pas le produit le plus répandu. 37% des ménages détiennent au moins une assurance-vie selon l’Insee, contre 86% pour les livrets. Autrement dit, un peu plus d’un tiers des Français se partage les 1.659 milliards d’euros de l’assurance-vie, selon la Banque de France, ce qui montre le poids de certains contrats.

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Les livrets d’épargne, toujours 2e

Près de 9 ménages français sur 10 possèdent au moins un livret d’épargne selon l'Insee. Toutefois, en terme d’encours, les livrets ne pèsent « que » 592 milliards d’euros, soit 13% du portefeuille des Français. Et cette estimation de la Banque de France inclut le Compte épargne logement, dont le fonctionnement et la liquidité se rapproche du livret.

Lors du trimestre écoulé, cette catégorie de placements a encore subi une décollecte nette : -4,1 milliards d’euros. Mi-2013, l’encours des livrets d’épargne était grimpé à 626 milliards d’euros. Il est donc retombé sous les 600 milliards d'euros lors du dernier trimestre 2015. Mais certains livrets s’en tirent mieux que d’autres, comme l’illustrent les dernières statistiques de la Banque de France sur le sujet :

  • Livret A, dont Livret Bleu du Crédit Mutuel : 252 milliards d’euros d’encours à la fin mars, -975 millions d'euros sur le 1er trimestre 2016 ;
  • Livrets bancaires soumis à l’impôt : 178 milliards d’euros, +6 milliards d’euros sur le 1er trimestre ;
  • Livret développement durable : 101 milliards d’euros, -298 millions d’euros sur le 1er trimestre ;
  • Livret d’épargne populaire : 46 milliards d’euros, -221 millions d’euros sur le 1er trimestre ;
  • Compte épargne logement : 30 milliards d’euros, -426 millions d’euros sur le 1er trimestre ;
  • Livret jeune : 6 milliards d’euros, -162 millions d’euros sur le 1er trimestre.

Le compte bancaire, 3e compte de dépôt

Un paradoxe. Derrière l’assurance-vie et les livrets d’épargne, les économies des Français reposent en premier lieu sur les dépôts à vue, soit principalement des comptes courants : un produit qui n’est donc pas rémunéré, sauf dans de rares cas particuliers. Et les comptes chèques ne cessent d’asseoir cette troisième position. Fin 2012, les encours des dépôts à vue des ménages français étaient de 310 milliards d’euros fin 2012, pour grimper à 383 milliards d’euros fin 2015. Soit un peu moins de 9% de l’encours de l’ensemble des placements financiers recensés par la Banque de France.

Au 1er trimestre 2016, cette tendance se confirme avec une nouvelle collecte nette de 8,3 milliards d’euros sur les dépôts à vue, ce qui reste toutefois bien inférieur aux 14,5 milliards d'euros du 1er trimestre 2015. Ce phénomène traduit une « démotivation » des épargnants « à rechercher un placement rémunéré », la faute aux taux bas, selon Didier Caylou, directeur du département banque finance assurance de l’Audirep, qui a récemment réalisé un sondage pour la Caisse d’Epargne sur le sujet. L’économiste Philippe Crevel pointe lui une « logique d’attentisme », les Français étant actuellement moins enclins à « se constituer une épargne de précaution, sur un livret ».

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PEL et fonds d’investissement encore loin

Le reste de l’épargne des ménages se répartit dans de multiples familles de placements : actions cotées, fonds monétaires, fonds d’investissement non monétaires, comptes à terme, etc. Quid du Plan épargne logement (PEL), qui bat, chaque mois, un nouveau record d’encours ? Rapporté à l’ensemble des placements, ses 240 milliards d’euros d'encours à la fin 2015 ne pèsent qu’un peu plus de 5% du portefeuille des Français.

  • Titres d’OPCVM non monétaires : 323 milliards d’euros d’encours à la fin 2015 ;
  • « Epargne contractuelle », incluant le PEL mais aussi le PEP (Plan d’épargne populaire) : 262 milliards d’euros ;
  • Actions cotées : 229 milliards d’euros ;
  • Suivent les comptes à terme (73 milliards d’euros), les titres de créances (69 milliards d’euros), le numéraire (69 milliards d’euros) et les titres d’OPCVM monétaires (17 milliards d’euros).

Précision méthodologique. L’étude de la Banque de France porte sur les ménages et les institutions sans but lucratif au service des ménages. Elle inclut ainsi les particuliers et les entrepreneurs individuels. Le document de la Banque de France cite un encours de 786 milliards d’euros d’actions non cotées et autres participations, ce qui pourrait classer cette famille à la 2e place. Mais, comme le souligne l’Autorité des marchés financiers (AMF) dans son observatoire de l’épargne de juin 2015, « la détention des actions non cotées (et autres participations) ne constitue pas un véritablement un placement ; il s’agit notamment des parts de SARL détenues par les ménages et les travailleurs indépendants ». Les actions non cotées figurant dans les « principaux placements financiers » dans l’étude de la Banque de France, ils sont pris en compte dans les pourcentages mais ne figurent pas sur le « podium » de part leur spécificité.