Une étude de l'Association pour un Hébergement et un Tourisme Professionnels (AhTop) portant sur l'île Saint-Louis à Paris met en lumière les dérives du modèle de location collaborative popularisée par le site Airbnb.

L'île Saint-Louis, au cœur de la capitale et voisine de celle de la Cité, où se situe Notre-Dame, appartient administrativement au IVe arrondissement de la capitale et compte 1.861 logements dont 651 sont occupés en théorie directement par leur propriétaire, selon l'étude diffusée jeudi. Dans cette zone très touristique de 11 hectares, au total 314 biens ont été identifiés par l'association sur Airbnb ou l'un des 127 sites de location similaires, ce qui signifie que 17% des logements de l'île sont donc offerts à la location dite « collaborative ».

« La convivialité d'Airbnb est un mythe »

Et 63% des 214 immeubles que compte l'île Saint-Louis « abritent au moins un appartement Airbnb ou assimilé ». Dans 44% des cas, les locations de type Airbnb dans l'Hexagone sont permanentes, et non pas saisonnières, assure par ailleurs l'étude qui explique que « la convivialité d'Airbnb est un mythe » et que « c'est en réalité une industrie ».

L'AhTop, qui regroupe depuis juillet dernier 30.000 adhérents du secteur du tourisme, réclame aux autorités qu'elles fassent respecter la législation qui encadre l'utilisation des sites comme Airbnb.

Des « nuisances insupportables » pour les voisins

L'association déplore « des nuisances insupportables » pour les voisins, la disparition de l'offre locative classique qui alimente la hausse des loyers, et une fraude massive des propriétaires qui dépassent le seuil des 120 jours de location par an de leur bien et privent ainsi « l'Etat et les collectivités locales d'importantes recettes ».

« Notre méthodologie permettrait aux différentes administrations d'identifier aisément ces loueurs et pourrait être étendue à l'ensemble de Paris ainsi qu'à toutes les villes », remarquent les auteurs de l'étude. La mairie de Paris avait lancé en mai dernier dans le Marais, également dans le IVe arrondissement, une opération « coup de poing » de trois jours contre les locations touristiques illégales.

Les services de la Ville de Paris avaient à l'époque visité 1.868 logements dans 98 immeubles et relevé 101 infractions présumées. En réponse aux critiques venant notamment des hôteliers, Airbnb a présenté une étude en novembre dans laquelle il explique avoir eu un impact économique positif de 2,5 milliards d'euros sur un an en France, pays qui constitue son deuxième marché après les Etats-Unis.