La société des journalistes de France 2 s'est indignée mercredi de l'inculpation au Luxembourg du journaliste français Edouard Perrin, qui a révélé le scandale LuxLeaks dans l'émission « Cash investigation », diffusée sur la chaîne publique.

Le scandale LuxLeaks a éclaté en novembre 2014 après la publication par le Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ) de ces documents, partiellement révélés en mai 2012 dans l'émission « Cash investigation » de France 2, à laquelle collaborait le journaliste Edouard Perrin.

Edouard Perrin a été inculpé la semaine dernière au Luxembourg de vol ou de complicité de vol après la diffusion de documents provenant d'un cabinet d'audit et révélant un système fiscal très favorable aux multinationales développé alors que le Luxembourg était dirigé par l'actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

« La société des journalistes de France 2 s'insurge contre ces poursuites judiciaires, qui ressemblent fortement à une remise en cause de notre droit à enquêter et à informer nos citoyens. Nous rappelons que la liberté de la presse est un principe fondamental de nos sociétés démocratiques », écrit la SDJ dans un communiqué. « Edouard Perrin a réalisé un travail légitime d'information et d'investigation financière », qui « relève de l'intérêt général », souligne la SDJ.

« Nous observons que la mise en examen de notre confrère intervient au moment où l'Union Européenne, dont la Commission est présidée par le Luxembourgeois et ancien premier ministre Jean-Claude Juncker, s'apprête à se doter d'une nouvelle directive sur le secret des affaires, très défavorable à la liberté d'investigation de la presse », ajoute-t-elle.

Mardi, la direction de France 2 s'était déjà indignée de l'inculpation d'Edouard Perrin. « France 2 considère que le secret absolu des sources des enquêtes, ainsi que le droit à l'information, doivent demeurer un principe et le socle du travail de tous les journalistes », a indiqué la chaîne. Le même jour, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a elle aussi dénoncé ces poursuites, rappelant que le journalisme d'investigation est « un des piliers de la liberté de la presse ».