La presse quotidienne jeudi attend « un grand nettoyage » et aspire à de la « morale » de la part de la classe politique après le scandale Cahuzac tout en rappelant à la droite qu'elle n'a « guère de leçons à donner ».

« Notre république a besoin d'un grand nettoyage ! », estime Patrick Le Hyaric dans L'Humanité. « Pourquoi la France n'est-elle pas capable de s'aligner éthiquement sur les démocraties scandinaves qui ont, depuis longtemps, un dégré zéro de tolérance à l'égard des dérapages des élus ? » se demande Jean-Marcel Bouguereau (La République des Pyrénées).

Paul-Henri du Limbert du Figaro ne croit pas au renforcement de la « République exemplaire » ? « Depuis trente ans, quel président ne leur a pas promis cette perspective radieuse, qui n'a nullement empêché, comme on l'a vu, qu'un ministre du Budget fraude le fisc ? », regrette-t-il. Dominique Quinio de La Croix juge que tout sera insuffisant si ceux qui « accèdent aux responsabilités politiques » (...) « n'exercent pas leur mission, leur mandat, avec droiture et rigueur morale. Oui, morale. »

« Soit menteurs, soit incompétents »

« M. Hollande avait fait campagne pour rétablir une République exemplaire. La voilà, aujourd'hui, en faillite. Et lui sèchement interpellé par une droite qui n'a pourtant guère de leçons à donner sur ce terrain » écrit l'éditorialiste du Monde. Dans La Charente Libre, Dominique Garraud n'en pense pas moins : « Serpent de mer du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la promotion par la loi d'une République irréprochable devient pour François Hollande aussi urgente que la bataille de l'emploi », affirme-t-il.

Nicolas Demorand de Libération fait partie de ceux qui se demandent « pourquoi (...)les moyens d'investigation d'un Etat moderne se révèlent-ils moins efficaces que ceux déployés par un média d'information numérique, qui n'a pouvoir ni de police ni de justice ? » Philippe Reinhard de L'Eclair des Pyrénées va plus loin et « imagine mal que les plus hautes autorités de la République en aient moins su que les journalistes de Mediapart. » « Ou bien ils ont fait preuve d'une incroyable naïveté. Les deux dirigeants ont été soit menteurs, soit incompétents » écrit-il.

Les « vierges effarouchées » de la droite

Daniel Muraz du Courrier Picard est de ceux qui constatent que « Les réactions rapides du PS et de l'Élysée ne peuvent empêcher le procès en amateurisme ou en duplicité qui s'esquisse. » Hubert Coudurier du Télégramme rappelle que « de telles affaires font le jeu des populistes de tous bords ». « Cela devrait inciter les principaux responsables politiques, stimulés par les médias, à ne pas en faire des tonnes. », prévient-il.

De son côté, Pascal Coquis (Les Dernières Nouvelles d'Alsace) trouve que l'opposition « a entonné à pleins poumons le choeur des vierges effarouchées - en feignant d'oublier qu'il y a quelques semaines encore elle offrait au pays un spectacle pitoyable et que le plus illustre de ses représentants est actuellement mis en examen pour abus de faiblesse ». Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne ironise sur les responsables de droite qui « ne tarissent pas d'éloges sur le site Mediapart ». « En d'autres temps pas si lointains, ils s'en prenaient vertement au même site, accusé de parti pris dans des enquêtes concernant le précédent quinquennat... », rappelle-t-il en imaginant « un vaste torrent judiciaire et médiatique » nettoyant « les écuries d'Augias ».

Dans Le Midi Libre, Jean-Michel Servant rêve que les politique lancent « un élan démocratique qui fera honneur au droit et à la République », mais craint « que ce tintamarre ne soit finalement qu'un simple jeu de dupes » et « ne serve qu'à couvrir d'autres affaires toujours plus scandaleuses. Pour couvrir parmi eux d'autres Jérôme Cahuzac. »