L'ex-trader Jérôme Kerviel a déploré « l'omerta » dans le milieu de la finance et « réglé (ses) comptes » avec les journalistes ayant couvert son procès, samedi soir sur le plateau d'une émission de télévision dont il était l'invité, avec son avocat David Koubbi.

« Oui ce milieu (du trading) me dégoûte et ce qui me dégoûte également, c'est cette omerta qui existe », a déclaré Jérôme Kerviel sur France 2 lors de l'émission « On n'est pas couché » de Laurent Ruquier. « J'invite toutes les personnes du milieu à venir m'aider, à me donner tous les éléments qui peuvent me sortir de cette putain de merde », a-t-il ajouté, réitérant un appel déjà lancé à la radio et la télévision au soir de sa condamnation. « Je déteste, je conchie le personnage que j'étais à l'époque », a ajouté l'ancien trader.

Jérôme Kerviel a été condamné mercredi en appel à cinq ans de prison dont trois ferme ainsi qu'à 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts. Confirmant le jugement de première instance, la cour d'appel de Paris l'a jugé coupable d'avoir causé début 2008 une perte du même montant à la Société Générale, après avoir pris à l'insu de sa hiérarchie pour des dizaines de milliards d'euros de positions spéculatives. Il s'est pourvu en cassation.

« Les supérieurs hiérarchiques de Kerviel au courant des opérations »

Lui et son avocat ont répété sur France 2 que, selon eux, les supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel étaient au courant de ses opérations, alors que la justice a estimé le contraire. Durant une demi-heure, ils ont refait le procès, attaquant notamment les chroniqueurs judiciaires qui ont critiqué la stratégie de défense et les méthodes de Me Koubbi, lesquelles avaient aussi exaspéré la présidente de la cour.

« Je voudrais aussi en profiter pour régler un peu mes comptes », a déclaré à ce propos Jérôme Kerviel. « Les journalistes qui ont suivi ce procès, ce n'est pas un problème avec David, c'est un problème qu'ils avaient avec moi, et pour me toucher, ils ont atteint David », a-t-il estimé. Pour la suite de la procédure, l'ancien trader ne sera pas défendu par David Koubbi, avocat à la cour d'appel, mais par un avocat habilité à intervenir devant la Cour de cassation, Patrice Spinosi. « J'ai des gros moments de spleen », a raconté Jérôme Kerviel, « je vis chaque seconde sans savoir ce que je vais faire la seconde d'après », mais « je veux continuer à me battre ».