Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a estimé lundi à Bordeaux que la France « s'honorerait » si elle était à l'origine de la mise en place de la taxation des transactions financières.

« Je pense que la France s'honorerait si elle prenait l'initiative » de la mise en oeuvre de cette taxe « que la commission européenne elle-même, à la demande de la France, a proposé il y a quelques mois de concrétiser », a souligné le maire de Bordeaux lors de ses voeux à la presse. « Beaucoup de nos partenaires sont d'accord » a indiqué le ministre, évoquant l'Allemagne et l'Italie. « J'espère que nous serons rejoints par le plus grand nombre possible » dans la mise en place de « cet effort de solidarité du secteur financier qui porte sa part de responsabilité dans la crise que nous traversons », a-t-il ajouté.

« Savoir évoluer avec son temps »

Comme on lui faisait remarquer que le président Nicolas Sarkozy avait considérablement évolué sur cette affaire en vingt ans, M. Juppé a rétorqué que c'était « une de ses plus grandes qualités de savoir évoluer avec son temps ».

Il a souligné que certains leaders socialistes, comme Manuel Valls, avaient aussi changé d'avis de « façon assez brutale » récemment sur des thèmes comme la TVA sociale. « Ce qui a changé, a-t-il dit, c'est le monde, c'est la prise de conscience que le secteur financier a dérapé. Il y a quinze ans, les excès qu'on a connus il y a trois ou quatre ans ne s'étaient pas produits », a par ailleurs souligné le maire.

Se voulant rassurant sur les conséquences d'une mise en place de cette taxe dans un nombre restreint de pays, il l'a comparée avec celle mise en place sur les billets d'avion à l'initiative de Jacques Chirac pour financer la lutte contre le sida, et qui n'a été suivie que dans un nombre limité de pays : « La taxe n'a ruiné aucune compagnie aérienne », a souligné M. Juppé.