Le marché de l'assurance complémentaire santé est soumis à de fortes tensions sur les coûts qu'il ne parvient pas à compenser par les tarifs, a regretté jeudi le directeur général du courtier April, Patrick Petitjean, s'inquiétant notamment de dérives dans la consommation de soins.

« On est en situation de se demander si c'est un risque qui pourra durablement être assuré », a lancé M. Petitjean lors d'une rencontre avec la presse. Le dirigeant a pointé une « dérive de consommation », visible surtout dans les contrats à adhésion individuelle mais aussi, dans une moindre mesure, au niveau des contrats collectifs.

Les prestations versées au titre des garanties de soins de santé pour les contrats individuels ont augmenté de 8% sur les 10 premiers mois de 2011 par rapport à la même période de l'an passé, selon des chiffres publiés jeudi par la Fédération française des sociétés d'assurance (FFSA).

De plus en plus « un marché de consommation »

« Des gens se désassurent et se réassurent au moment où il savent qu'ils vont avoir un besoin en termes de soins », a affirmé M. Petitjean, indiquant que la période moyenne qui séparait la souscription du contrat et la première demande de remboursement s'était nettement réduite. « On est de moins en moins un marché d'assurance et de plus en plus un marché de consommation », a-t-il expliqué. Cette tendance se retrouve « plutôt chez les jeunes et s'estompe avec l'âge ».

« Les tarifs ne permettent pas de supporter ça », a-t-il expliqué, rappelant l'augmentation marquée, ces deux dernières années, de la fiscalité sur les contrats dits « responsables », qui représentent la quasi-totalité des contrats proposés. « Tout cela a des limites. Ou les tarifs augmentent fortement ou le client devra accepter que le taux d'effort (la proportion du reste à charge) augmente », a prévenu M. Petitjean.

Sur le même sujet, le DG d'April a stigmatisé les comparateurs d'assurance en ligne, qui « tirent l'assurance vers le bas », estimant que la comparaison entre contrats d'assurance santé était extrêmement complexe compte tenu de l'éventail des garanties et des mécanismes de tarification.