Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris après que le président d'un groupe autoroutier en lice pour l'éco-taxe poids lourd eut signalé en février une tentative de corruption, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier.

Dans un courrier révélé par Le Point et adressé au Service central de la prévention de la corruption (SCPC), le président de la société d'autoroutes Sanef, Pierre Chassigneux, fait part de « faits relevant (..) du délit de favoritisme, de trafic d'influence, et d'incitation à la corruption ».

En fonction des gratifications...

Le dirigeant de la Sanef explique que la société a été « approchée » dans le cadre de l'appel d'offres pour l'éco-taxe poids lourds et qu'« on lui a fait comprendre » que le résultat de cette procédure « serait fonction de ce qu'elle pourrait accepter de faire ou de qui elle pourrait gratifier ».

Le groupement Alvia, auquel appartenait la Sanef, était en course dans cet appel d'offres face à un autre consortium mené par l'italien Autostrade et un troisième regroupant Vialtis, France Télécom, Bouygues, CS Systèmes d'information et l'autrichien Kapsch.

« Nous ne savons pas s'il s'agit d'une tentative réelle de corruption ou d'une escroquerie à la corruption », a dit l'avocat d'Alvia, Me Marc Richer, à l'AFP, confirmant le signalement fait par le président de la Sanef.

Le président de la Sanef a été entendu récemment par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris, a-t-il ajouté. Selon Le Point, il a confirmé qu'un haut dirigeant de la Sanef a été abordé par un lobbyiste dont il a livré le nom. « Je peux vous confirmer que la procédure citée est tout à fait réelle », a dit de son côté une porte-parole de la Sanef.

Parallèlement à cette enquête, l'appel d'offres remporté par Autostrade pour mettre en oeuvre l'éco-taxe poids lourd en France a été annulé par le tribunal administratif de Cergy-Pontoise en mars. Le tribunal a notamment estimé qu'il existait un doute sur l'impartialité de la société ayant servi de conseil technique pour l'Etat français, ce groupe ayant collaboré en Autriche avec Autostrade sur un projet de télépéage poids-lourd. L'Etat s'est pourvu contre cette décision devant le Conseil d'Etat.