Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a lancé dimanche une nouvelle mise en garde contre l'inflation, laissant entendre dans un entretien avec le Wall Street Journal qu'il était préparé à relever son taux d'intérêt directeur.

« Toutes les banques centrales, dans des périodes comme celle-ci où on a des menaces inflationnistes qui viennent des matières premières doivent (...) faire très attention à ce qu'il n'y ait pas d'effets de second tour », a prévenu M. Trichet. Ces propos rappellent ceux qu'il tenait en juin 2008, quand l'emballement des cours des matières premières et en particulier du pétrole menaçait selon lui de se répercuter sur les salaires (« effets de second tour ») et d'entraîner une spirale inflationniste.

Le 3 juillet de cette année-là, la BCE avait relevé son taux directeur d'un quart de point à 4,25%, avant de le baisser d'un demi-point en octobre et de le faire chuter jusqu'à 1% en mai 2009, niveau auquel il est encore aujourd'hui. M. Trichet a cependant estimé que la BCE n'était pas aujourd'hui sur le point de passer à l'acte. Interrogé par le Wall Street Journal pour savoir s'il y avait des signes d'emballement comparables à 2008, il a répondu que non. « A ce stade, ce n'est pas ce que nous voyons. Et tout le monde sait que nous ne laisserions pas les effets de second tour se matérialiser. Nous continuerons à assurer la stabilité des prix », a-t-il souligné, selon le texte de l'entretien publié par la BCE.

La BCE reste « extrèmement alerte »

« Du côté de l'énergie et des prix des matières premières on a un certain nombre d'événements que nous continuerons à surveiller attentivement », a-t-il poursuivi. Il a rappelé que les mesures de soutien exceptionnelles au système bancaire n'empêchaient pas un relèvement du taux d'intérêt directeur: « Nous ne lions pas les deux mesures. Nous pouvons faire bouger les taux d'intérêt d'un côté, et nous pouvons faire bouger les mesures non conventionnelles d'un autre côté de manière indépendante ». Or « tous les pays de la zone euro ont un intérêt immense à ancrer solidement les attentes d'inflation », a ajouté le président de la BCE, dans une allusion aux pays en difficulté avec leur dette publique.

Une semaine auparavant, M. Trichet avait lancé une mise en garde semblable, indiquant sur le plateau du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI que les dirigeants de la BCE restaient « extrêmement alertes pour prendre toutes les décisions qu'il faut prendre ». « Personne n'imagine que c'est en ayant plus d'inflation qu'on aura plus d'emplois durables », avait-il ajouté. La BCE a pour unique mission d'assurer la stabilité des prix, et un objectif d'inflation à 2%. Or en décembre, l'inflation dans la zone euro a dépassé ce seuil pour la première fois depuis fin 2008, atteignant 2,2% sur un an.