Le socialiste Didier Migaud, actuel président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, devrait être nommé mardi en Conseil des ministres pour succéder à Philippe Séguin, décédé en janvier, à la tête de la Cour des Comptes, a-t-on appris lundi de sources socialistes.

Sa nomination sera rendue publique après le Conseil des ministres qui aura examiné un décret en ce sens du président Nicolas Sarkozy.

"C'est fait", ont reconnu auprès de l'AFP plusieurs sources, interrogées sur la nomination de Didier Migaud à la Cour.

Le nom de M. Migaud était revenu en force lundi, plusieurs médias annonçant comme pratiquement acquise sa nomination. D'autant qu'il y a peu le chef de l'Etat lui avait rendu un hommage public, le qualifiant même d'un "mon ami".

Depuis le décès de Philippe Séguin le 7 janvier, la question de sa succession n'avait cessé d'alimenter les rumeurs. Parmi les noms cités figuraient l'ancien ministre des Affaires européennes, puis du Budget, Alain Lamassoure, ou la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, qui s'est récemment dite "disponible" pour le poste.

Le choix de M. Migaud entre dans la stratégie du président Sarkozy de poursuivre l'ouverture à gauche. La semaine dernière, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, avait d'ailleurs affirmé que l'ouverture se poursuivrait.

Il intervient en outre en pleine campagne pour les régionales des 14 et 21 mars pour lesquelles les sondages sont sombres pour la majorité présidentielle.

Orfèvre de la technique budgétaire, ce juriste de formation de 57 ans, respecté de tous, a montré qu'il pouvait travailler en bonne intelligence avec la droite.

"Père" de la Lolf (loi organique, nouvelle architecture des lois de finances) avec le sénateur UMP Alain Lambert, Didier Migaud rêvait de devenir ministre du Budget dans le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002). Finalement, il exercera sa passion budgétaire comme rapporteur général du budget.

Cette double expérience a été particulièrement utile à ce fabiusien, député de l'Isère, à la tête de la commission des Finances.

Le nouveau premier président, magistrat inamovible, aura la lourde tâche de succéder au tonitruant Philippe Séguin, qui s'était efforcé depuis sa nomination à la tête de l'institution en 2004, de la dépoussiérer et de la rendre plus proche des préoccupations des Français.

Celui qui se voulait le "poil à gratter" de l'Etat ne s'est jamais privé de critiquer la gestion de ses amis au pouvoir, quitte à susciter la polémique.

Deux des principales promesses de campagne de Nicolas Sarkozy, la baisse de la TVA dans la restauration ou le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, ont ainsi essuyé publiquement ses piques après avoir été jugées trop coûteuses ou inefficaces par la Cour.

S'il n'a pas le charisme d'un Philippe Séguin, Didier Migaud a pour lui sa très grande connaissance des rouages budgétaires de l'Etat.