En France, plus on est pauvre, plus on paie cher pour se loger, se déplacer ou s'assurer. Ce phénomène, qu'on appelle la « double peine » de pauvreté, représente un surcoût de 745 euros par an, selon une étude publiée aujourd'hui. Soit l'équivalent de 3 mois de courses alimentaires.

Le phénomène est ancien, il reste pourtant peu connu. En France, les 9 millions de personnes pauvres doivent, en plus de subir un pouvoir d'achat plus faible, payer plus cher que les autres pour accéder aux mêmes biens ou services. Autrement dit : plus on est pauvre, plus la vie est chère.

Une récente étude, réalisée l'Action Tank Entreprise et Pauvreté (1) en partenariat, notamment, avec La Banque Postale, tente de quantifier le phénomène. Selon elle, cette « double peine » de la pauvreté atteint 745 euros par an pour les 10% les plus pauvres (ce qu'on appelle le 1er décile), et 640 euros pour le 2e décile. Soit l'équivalent, respectivement, de 3 mois et 2 mois de courses alimentaires. 90% de ces sommes sont concentrée sur 5 postes budgétaires : le logement, l'énergie, la mobilité, l'assurance et l'emprunt.

La « double peine » est évaluée à 745 ou 640 euros par an, selon le décile / Source : Action Tank, étude de la double pénalité de pauvreté en France 2023

Effets d'exclusion, de volume, de localisation...

Comment expliquer ce phénomène ? « Ce n'est ni une question d'information, ni d'éducation, c'est un problème d'accès et de structure des prix », explique Martin Hirsch, co-président de l'Action Tank, dans une synthèse de l'étude.

Plusieurs mécanismes sont à l'œuvre. Les plus pauvres subissent avant tout un effet d'exclusion, qui pèse pour 50% de la double peine. Parce qu'ils manquent de trésorerie et que leur profil financier est plus risqué, ils vivent dans des logements plus petits, donc plus chers au mètre carré ; achètent des voitures plus anciennes, donc plus énergivores et plus chères à entretenir ; accèdent moins facilement au découvert autorisé et subissent plus d'incidents de paiement, etc.

Mais d'autres facteurs entrent en compte et interagissent entre eux. L'effet de volume, par exemple, pénalise les petits consommateurs, qui paient plus cher le kWh de gaz ou le giga de data. L'effet de localisation, qui repousse les plus pauvres à distance des centres urbains, entraîne un surcoût sur les déplacements du quotidien, mais également sur les primes d'assurances auto.