L'une des clés pour limiter les effets de la crise économique est la relance de la consommation. Mais comment inciter les Français à dépenser tout ce qu'ils ont épargné durant le confinement ?

Selon une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), les huit semaines de confinement ont entraîné 32% de baisse d'activité, ce qui représente un recul du PIB de 5,8% et une perte de 120 milliards d’euros. Mais la levée progressive des restrictions depuis le 11 mai continuera à impacter fortement certains secteurs d’activités à l’instar du tourisme, des activités culturelles et de spectacle et conduira à une contraction supplémentaire du PIB.

Face à cette crise sans précédent et qui s’installe dans la durée, l’Etat Français a adopté un certain nombre de mesures pour soutenir les entreprises et les travailleurs en difficulté : prêts garantis par l’Etat, financement du chômage partiel, fonds de solidarité, report ou annulation des charges sociales. Ces mesures visent à relancer l’économie mais ne tiennent pas compte d’un facteur essentiel : le comportement des consommateurs.

55 milliards d'euros d'épargne forcés

Or, durant les huit semaines de confinement strict, les ménages ont accumulé une épargne forcée de 55 milliards d’euros selon la Banque de France. Une épargne considérable déposée en bonne partie sur le compte courant ou sur le Livret A qui a enregistré une collecte record en avril et en mai. Ces deux supports concentrent désormais plus de 1 000 milliards d’euros d’épargne de précaution. Un phénomène qui traduit une profonde aversion des ménages pour le risque, mais aussi un manque de confiance en la capacité du pays de se remettre vite de cette crise.

Une profonde aversion des ménages pour le risque

Tout l’enjeu pour les pouvoirs publics est de la regagner et d’inverser cette tendance. Car comme le dit Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, « ce n'est pas d'épargne dont nous avons besoin aujourd'hui pour notre économie, mais d'investissement ». Mais comment changer la donne alors ? Dans quelles mesures les consommateurs seront-ils disposés à dépenser ou investir leur épargne alors que la phase 2 du déconfinement est entrée en vigueur ce mardi avec notamment la réouverture des restaurants ?

Les mesures d’aide aux entreprises et aux ménages déjà annoncées constituent un premier pas vers une économie davantage sociale et solidaire qui vise à compenser la perte de pouvoir d'achat liée à la crise. Mais ces mesures sont-elles suffisantes pour garantir la reprise de la consommation alors que le gouvernement se prépare à une hausse des faillites et du chômage ? Un dispositif de prêts garantis par l’Etat pour les particuliers serait-il envisageable ? Quelles autres mesures budgétaires et fiscales pourraient être votées ?

Relancer la consommation est devenue une priorité essentielle pour la France. Le chef de l’Etat vient d’ailleurs d’annoncer une série de mesure dont une bonification de la prime à la conversion pour relancer les ventes de voitures et écouler les stocks accumulés depuis la mi-mars.

De multiples offres à prix cassés

Autre exemple : le secteur du retail prépare des offres spéciales et soldes en tout genre. Les enseignes de prêt-à-porter et de sport affichent des réductions massives en espérant attirer la clientèle et rattraper en partie les pertes liées au confinement. D’autres marques et secteurs suivront peut-être la même stratégie. Certaines entreprises touristiques française, comme Odalys, proposent des réductions pour tous les clients qui reporteraient leurs voyages en juin et en Juillet.

Des mesures d'incitation qui restent insuffisantes

Dès la réouverture des magasins le 11 mai, les consommateurs s’y sont bousculés afin de dénicher les bonnes affaires. Convertis au numérique en raison du confinement, de nombreux Français continuent en parallèle à faire leurs achats en ligne. Il s’agit là d’une véritable opportunité pour les enseignes de multiplier les ventes. Est-ce que ce sera suffisant pour inciter les ménages à déconfiner leur épargne ? Attention aux effets de rattrapage car l’euphorie des premières semaines de déconfinement risque de ne pas perdurer sans actions incitatives supplémentaires de la part des pouvoirs publics.

Vers une réduction de la TVA comme en Allemagne ?

L’Allemagne vient d’annoncer un nouveau plan de relance économique visant à encourager les dépenses de consommation à court terme au travers d’une série de mesures (réduction temporaire de la TVA, primes d’achat, allocations familiales…) Des mesures similaires de réduction de la TVA et des primes d’achat (hors secteur automobile) sont-elles envisageables en France ?

Une chose est sûre - en l’état actuel, de nouveaux dispositifs pour soutenir l’offre et la demande vont devoir être imaginés pour regagner la confiance des Français, levier indispensable à la reprise de la consommation et de notre économie.

Lora Petrova
© 2020 Lora Petrova

Lora Petrova est consultante chez Square, un groupe international de conseil en stratégie, organisation et conseil opérationnel.