6e application mobile la plus téléchargée en France en 2018, le scanner d'étiquettes Yuka est un petit phénomène de société. Il reflète l'attention croissante que les Français portent à la qualité de leurs aliments, et commence à faire bouger les géants de l'agroalimentaire.

Petite devinette : quelle est l'application mobile made in France la plus téléchargée en 2018 ? Et non, ce n'est pas LeBonCoin, mais bien Yuka. Le scanner d'étiquettes alimentaires figure à la 6e place du top 10 de l'an dernier (1), aux côtés de WhatsApp, Facebook, Snapchat ou encore Instagram. Lancée en janvier 2017, Yuka a été téléchargée 13 millions de fois depuis cette date, selon un article du Monde [lien payant]. Lorsqu'on sait que la France compte environ 41 millions de possesseurs de smartphones (2), c'est donc un usager sur 3, à la louche, qui, à un moment ou à un autre, a dégainé son mobile au supermarché pour vérifier que le produit convoité ne contenait pas trop d'additifs.

Le succès de Yuka s'appuie en effet sur une tendance forte : on veut savoir ce qu'on mange. A partir du simple scan de code-barres, Yuka fournit instantanément une analyse de la composition du produit, et donne une évaluation de son impact supposé sur la santé, en se basant notamment (60% de la notation) sur son Nutri-Score, nouveau système d'étiquetage nutritionnel lancé par les pouvoirs publics en novembre 2017. Trop de sels ? Trop de sucres ? Trop de gras ? Trop d'additifs nocifs ? Le produit est instantanément désigné comme médiocre, voire mauvais. L'application s'appuie pour cela sur une base de données de 700 000 produits alimentaires et 300 000 produits cosmétiques. Elle promet qu'elle est totalement indépendante : elle se finance, non pas grâce à la publicité, mais en vendant une version premium de son application (15 euros par an), ainsi qu'un calendrier des fruits et légumes de saison et un « Programme Nutrition » payant.

Le succès de Yuka est tel qu'il commence à donner « des sueurs froides aux entreprises agroalimentaires », indique Le Monde. Il participe aussi, par ricochet, au déploiement du Nutri-Score. Sous pression, plusieurs géants du secteur ont annoncé récemment leur ralliement au nouvel étiquetage, pourtant facultatif : Nestlé, leader mondial de l'agroalimentaire, mais aussi Carrefour, qui va l'apposer sur 7 000 produits de sa marque d'ici 2 ans, ou encore Intermarché, qui va revoir les recettes de certains de ses produits pour améliorer leur note. Yuka a également ouvert la voie à de nouvelles applications, certaines lancées par la grande distribution elle-même. C'est le cas par exemple de Système U, avec son application Y’A Quoi Dedans.

(1) Source : App Annie. (2) Source : Statista