L'Assemblée nationale a ajouté symboliquement lundi un nouvel article à la réforme des retraites pour « garantir » aux enseignants des « revalorisations salariales », une promesse que les oppositions jugent « inconstitutionnelle », avec « un risque juridique énorme ».

Cette hausse a été promise par le gouvernement pour assurer aux enseignants des pensions équivalentes à la situation actuelle. Pour mettre en valeur la mesure, les députés ont adopté à 93 voix contre 29 un amendement de la commission qui isole dans un article spécifique du texte sur les retraites cette « garantie » de revalorisation salariale. Elle devra être formalisée dans « deux lois » de programmation à venir, une pour les enseignants et une pour les enseignants chercheurs.

« Nous allons revaloriser » les rémunérations, « c'est la première fois depuis près de 30 ans », a affirmé le rapporteur général Guillaume Gouffier-Cha (LREM). Les oppositions de gauche comme de droite jugent la mesure « inconstitutionnelle » car c'est une « injonction faite au gouvernement pour déposer un projet de loi » de programmation (Régis Juanico, apparenté PS), comme l'a relevé récemment le Conseil d'Etat. Pour l'insoumis Ugo Bernalicis, « ça ressemble à une supercherie », une « manœuvre pour essayer de dire aux enseignants, surtout ne manifestez pas contre ce projet de réforme pourri ». A droite, Eric Woerth (LR) souligne que les « lois de programmation sont rarement respectées » et « il faut quand même le dire aux enseignants et aux chercheurs ». « C'est un mépris pour les enseignants, car ces dispositions seront censurées par le Conseil constitutionnel », complète son collègue Olivier Marleix.

Blanquer : « 100 euros net de plus » par mois dès 2021

« Si nous revalorisons, c'est avant tout pour reconnaître que les enseignants sont mal payés par rapport à leurs conditions de travail et leurs formations », a réagi la députée LREM Cécile Rilhac, enseignante de profession. « On peut pinailler sur la constitutionnalité, mais le geste, il est important, il est fort, c'est une loi de programmation avec 10 milliards sur la table », a lancé la « marcheuse » Sylvie Charrière.

Dimanche, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a assuré que les professeurs en début de carrière gagneraient « 100 euros net de plus » par mois dès 2021. Les syndicats craignent que ces revalorisations soient conditionnées à des « contreparties » comme une hausse du temps de travail.