Les ministres de l'Economie Bruno Le Maire et des Comptes publics Gérald Darmanin ont indiqué séparément jeudi qu'ils étaient ouverts à une modification de l'âge de départ à la retraite, tout en récusant un conflit avec Jean-Paul Delevoye.

« Il y a un débat qui doit rester ouvert sur l'allongement de la durée du travail », a déclaré Bruno Le Maire au micro de BFMTV et de RMC. « Travailler plus longtemps est un des moyens de financer la dépendance » pour laquelle « nous avons besoin d'environ 20 milliards » d'euros, a-t-il expliqué. « Il y a un choix de société devant nous : est-ce que nous voulons nous donner les moyens de financer mieux le grand âge, les personnes en situation de dépendance ? Pour moi, la question doit rester ouverte », a encore dit le ministre.

Bruno Le Maire a par ailleurs réfuté que le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, ait mis sa démission dans la balance sur cette question de l'âge de la retraite. « Moi, il ne m'a menacé de rien du tout », a-t-il dit.

Darmanin : « pas de polémique »

« Il n'y a pas de polémique. Il n'y a que des discussions et des discussions intéressantes pour les Français », a pour sa part assuré Gérald Darmanin sur RTL, en rappelant que la question de l'âge de la retraite avait été abordée dans le cadre du grand débat national. « La question est posée. (...) Le président de la République, à la fin du grand débat, aura l'occasion d'apporter des réponses », a insisté le ministre, estimant que « toutes les sensibilités » devaient être « écoutées ».

La question de l'âge de départ à la retraite fait l'objet depuis trois semaines de vives passes d'armes au sein de la majorité entre ceux qui souhaitent un report de l'âge pivot au-delà de 62 ans et ceux qui souhaitent maintenir ce seuil en l'état. Le Premier ministre Edouard Philippe a ainsi évoqué un possible allongement de la durée de travail pour financer la dépendance. Le chef de gouvernement a toutefois précisé que la réforme de la retraite portée par Jean-Paul Delevoye ne toucherait pas à cet âge légal, promesse de campagne d'Emmanuel Macron.

« Il faudra bien savoir comment l'on paye »

« Le président de la République durant la campagne présidentielle a dit qu'il ne toucherait pas à l'âge » de départ. « Mais je constate que nous sommes un certain nombre à lui proposer des choses nouvelles », a déclaré jeudi Gérald Darmanin. « Si quelqu'un doit revenir sur des sujets évoqués pendant la campagne présidentielle, c'est bien le président de la République lui-même », a-t-il ajouté, en estimant que cette question se posait « indépendamment » de la « réforme Delevoye ».

« Si on souhaite réindexer les retraites, si on souhaite financer la dépendance, si on ne souhaite pas augmenter mais baisser les impôts, il faudra bien savoir comment l'on paye », a estimé le ministre, jugeant nécessaire de « prendre ses décisions en fonction de l'intérêt général ».