Eric Woerth, ministre du travail en charge de la réforme des retraites, a annoncé jeudi que les salariés "usés physiquement et qui peuvent le prouver" pourront partir plus tôt à la retraite. Il confirme ainsi la volonté du gouvernement de privilégier la logique individuelle et médicalisée de la pénibilité souhaitée par le Medef.

Pressé sur TV5 de dire quel pourrait être le nouvel âge légal de départ à la retraite, M. Woerth a simplement rappelé que son projet de loi serait sur le table « entre le 15 et le 20 juin » et que le relèvement serait « très progressif » et « pouvait prendre dix ans », précisant que « Celui qui a 59 ans aujourd'hui sera un peu concerné ». Pour le cas où un salarié aurait prévu de partir en retraite le 1er janvier, cela différerait ses projets de deux, trois ou quatre mois.

Départ anticipé possible pour les travailleurs qui ont débuté avant 17 ans

« Nous allons poursuivre cette idée que quand vous avez commencé un peu plus tôt que les autres, vous pouvez aussi partir un peu plus tôt que les autres », a-t-il dit, en référence au dispositif « carrière longue » institué par la réforme Fillon de 2003.

Ce dispositif permet le départ anticipé de ceux qui ont commencé à travailler avant l'âge de 17 ans, dans des conditions que le gouvernement a restreintes depuis 2008 et qui concernera au fil du temps moins de personnes en raison de l'allongement de la scolarité parmi les nouvelles générations.

Prouver la pénibilité de son travail pour partir plus tôt

« Quand vous avez eu des difficultés dans votre boulot, que vous êtes abîmés physiquement, usés physiquement, et qu'on peut le prouver évidemment, alors il faut en tenir compte aussi », a-t-il ajouté.

Dimanche dans le Journal du Dimanche, le ministre a déjà indiqué envisager « une logique d'individualisation » car la pénibilité « peut avoir des effets différents sur différentes personnes » et qu'il faut « en vérifier les effets ».

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Sur ce point, le ministre va à l'encontre de l'approche des syndicats de salariés.

La pénibilité de certains métiers se mesure notamment à l'exposition à des fumées, des produits toxiques, au bruit, à la fatigue liés aux horaires de nuit, à la manipulation de charges lourdes. Elle est à l'origine de maladies, comme des cancers, pas toujours décelables à la cinquantaine car elles mettent du temps à se déclarer, mais qui réduisent l'espérance de vie et la possibilité de profiter de sa retraite.

Pour cette raison, les syndicats jugent idiot de vérifier l'état de santé du salarié et réclament un départ anticipé automatique pour certains métiers ou facteurs de pénibilité sans attendre que la personne soit tombée malade.

Un système de retraite anticipée pour pénibilité dans le BTP aurait un coût net global de 460 à 560 millions d'euros et créerait des économies pour les régimes chômage, invalidité ou maladie, déjà utilisés pour se séparer des ouvriers âgés, selon une étude prospective du groupe Alpha paru en janvier.