Seuls une poignée de passionnés s'y intéressaient au début de l'année 2021. Un an plus tard, l'industrie des NFT pèse déjà plus de 40 milliards de dollars, selon la plateforme Chainalysis. Décryptage.

A l'image d'autres tokens (ou jetons), tels que le bitcoin, l'ether ou le dogecoin, ils sont émis à partir de la blockchain, une technologie de stockage et de transmission d'informations. Mais contrairement aux cryptomonnaies, les NFT ne sont pas fongibles. Autrement dit, ils ne sont pas interchangeables, comme pourraient l'être deux unités de bitcoin, par exemple.

Vente record

Le concept de NFT n'est pas nouveau. Dès 2017, le projet Cryptokitties avait connu le succès en proposant aux joueurs d'acheter, de vendre et de collectionner des chats virtuels, commercialisés sous la forme de NFT, chaque félin étant doté de caractéristiques uniques et plus ou moins rares.

Il a toutefois fallu attendre mars 2021 pour que le grand public découvre les NFT, à l'occasion d'une vente aux enchères organisée par Christie's au terme de laquelle une œuvre digitale de l'artiste américain Beeple a été vendue pour la somme astronomique de 69,3 millions de dollars. Peu de temps après, le tout premier SMS de l'histoire, transmis par l'opérateur Vodafone le 3 décembre 1992, a également été remporté aux enchères sous forme de NFT. Montant de la vente : 107 000 euros.

D'autres projets de NFT sont depuis passés sous le feu des projecteurs, à l'image du très élitiste Bored Ape Yatch Club : une collection de 10 000 NFT hébergés sur la blockchain Ethereum et mettant en scène des primates, dont l'acquisition permet d'accéder à des événements exclusifs, en physique ou en digital. Parmi d'autres célébrités, le joueur de foot Neymar aurait fait l'acquisition de deux exemplaires de ces NFT pour près de 1,1 million de dollars.

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Baskets virtuelles

Mais le succès des NFT ne s'arrête pas au monde de l'art. On retrouve aujourd'hui les fameux jetons dans d'autres industries, comme les jeux vidéo et le sport. La National Basketball Association (NBA) a par exemple développé Top Shot, une plateforme NFT sur laquelle sont commercialisées des cartes à collectionner ou la vidéo d'un instant marquant d'un match de basketball. Les fans se les arrachent à prix d'or. Un « Moment » du joueur LeBron James aurait ainsi atteint 208 000 dollars sur le marché secondaire.

Plusieurs grandes marques ont rapidement suivi l'exemple. La première vente de NFT Coca-Cola a rapporté plus de 575 000 dollars, tandis que Nike travaille sur la création de baskets virtuelles, dont les acheteurs pourront équiper leur avatar dans les métavers, des mondes fictifs où les internautes pourront interagir entre eux.

De son côté, Disney propose aux collectionneurs d'acquérir des statuettes 3-D à l'effigie de personnages emblématiques, comme Donald Duck ou Iron Man, qu'ils pourront ensuite admirer dans leur propre galerie virtuelle. A moins qu'ils ne préfèrent les revendre pour tenter de générer un profit.

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Actifs spéculatifs

Car les NFT sont aussi le royaume des spéculateurs. Un investisseur connu sur Twitter sous le pseudonyme Pranksy possède par exemple un portefeuille NFT valorisé à plus de 20 millions de dollars. Une fortune qu'il aurait amassée en moins de 5 ans, avec un investissement initial de 600 dollars, d'après le Financial Times.

A l'image des cryptomonnaies, les NFT sont en effet un placement très risqué, mais qui peut rapporter gros. Ce qui explique l'afflux d'un grand nombre d'investisseurs particuliers. Selon les estimations de la plateforme Chainalysis, les transactions de moins de 10 000 dollars représentent actuellement plus de 75 % du marché.

Pour autant, le marché des NFT demeure à ce jour dominé par une poignée de très gros acteurs, appelés « whales » (ou baleines). Toujours selon Chainalysis, 360 000 propriétaires de NFT détenaient ainsi 2,7 millions de NFT entre février et novembre 2021. Mais 9% d'entre eux détenaient 80% de la valeur du marché.

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Régulation à venir

Le futur des NFT demeure incertain, à l'heure où les Etats s'interrogent sur la meilleure façon d'encadrer cet univers aujourd'hui peu réglementé. En France, par exemple, il n'existe à ce jour aucune définition juridique de ce qu'est un NFT, malgré un projet d'amendement déposé par le député Pierre Person sur la question.

Alors les NFT sont-ils de simples gadgets ou une révolution en devenir ? Possiblement les deux. « Les NFT de demain ne seront pas ceux d'aujourd'hui », indique Fabien Aufrechter, Head of Havas Sovereign Technologies à nos confrères de Cryptonews.

« Pour le moment, les NFT sont largement des gadgets. Mais l'innovation qu'ils portent est loin d'être négligeable. Et il est donc fort à parier que les NFT s'imposeront dans de nombreuses industries », poursuit l'expert. Les célèbres jetons pourraient, par exemple, simplifier drastiquement la gestion des droits d'auteur dans le monde de l'art et offrir la possibilité d'automatiser le versement de royalties aux artistes.

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