En fonction de leur niveau de revenus, les salariés ont fiscalement plus ou moins intérêt à bloquer leurs primes d’intéressement ou de participation sur un plan d’épargne salariale. En amont, ce choix dépend également de leur besoin de cash.

Lors du versement de leurs primes d'intéressement ou de participation aux bénéfices, les salariés ont le choix : soit les empocher, soit les bloquer sur un plan d’épargne salariale (PEE, Perco ou compte courant bloqué). Quel est le meilleur choix ? Tout dépend de sa situation financière du moment, mais aussi de son degré d'aversion au risque, de son horizon de placement et de son implication dans la gestion de son épargne.

Les plans d'épargne salariale nécessitent en effet de la patience. Hors cas de déblocage anticipé (mariage, divorce, achat de sa résidence principale...), les sommes versées sont immobilisées pendant 5 ans sur un PEE, et jusqu'à la retraite sur un Perco. Ils nécessitent également de sélectionner les fonds sur lesquels investir. Résultat, d’après les derniers chiffres du ministère du Travail, plus du tiers des bénéficiaires d'épargne salariale font le choix d'obtenir un versement en cash de leurs primes salariales (1).

Un intérêt qui augmente avec le niveau d'imposition

Pourtant, certains salariés ont clairement intérêt à profiter des PEE et autres Perco. Lesquels ? Ceux qui disposent des plus gros revenus, et figurent dans les plus hautes tranches d'imposition. Exemple dans le cas d'une prime de 1 500 euros :

Prime d'épargne salariale brute versée au salarié : 1 500 €Taux marginal d'impôt sur le revenu
0%14%30%41%45%
Prime nette versée dans un plan d'épargne salariale ¹1 355 €1 355 €1 355 €1 355 €1 355 €
Prime nette touchée en cash ²1 355 €1 184 €989 €855 €806 €
Gain lié au versement dans le plan d'épargne salariale0 €171 €366 €500 €549 €
¹ Après déduction de la CSG-CRDS : 9,7%
² Après déduction de la CSG-CRDS et de l'impôt sur le revenu
Source Eres

En effet, en demandant à bénéficier immédiatement de leurs primes, les sommes ne subissent pas les cotisations salariales habituellement appliquées aux salaires, mais sont soumises à la CSG et à la CRDS, à hauteur de 9,7%, puis à l'impôt sur le revenu. Pour ceux qui acceptent de bloquer cette épargne salariale, ils bénéficient d'un dispositif d'incitation fiscale destiné à favoriser l'épargne : la prime et les éventuelles plus-values seront totalement exonérés d'impôt sur le revenu. A son versement sur le PEE, la prime subira cependant l'application de la CSG et la CRDS (9,7%). Au retrait des sommes, les plus-values seront soumises aux cotisations sociales, au taux applicable pour les revenus du patrimoine (soit 17,2% actuellement).

Ainsi, d'après les calculs fournis par Eres, spécialiste de l'épargne salariale et retraite, un salarié figurant dans la tranche d'imposition de 30% (soit un revenu par part supérieur à 27 087 euros par an) recevant une prime brute de 1 500 euros percevra au final :

  • 1 355 euros nets de cotisation sociale, s'il place sa prime sur son plan d’épargne salariale,
  • 989 euros nets de cotisations sociales et fiscales, s'il choisit de toucher de suite son argent

L'écart atteint donc 366 euros. Cet avantage fiscal est d’autant plus valable que le taux d’imposition du salarié est élevé. Ainsi, toujours pour une prime de 1 500 euros, la différence peut atteindre jusqu'à 549 euros pour un salarié dans la tranche d'imposition la plus élevée. En revanche, il ne joue guère si le bénéficiaire est exonéré d’impôt sur le revenu ou faiblement imposé.

Plus d'infos sur l'épargne salariale

(1) Sur les 16,4 milliards d’euros bruts versés sous forme d’intéressement, de participation ou d’abondement par les entreprises de 10 salariés et plus en 2015, 5,8 milliards ont été empochés par les salariés sans transiter par un plan d’épargne salariale (Dares, août 2017).