Quasi stables pendant plus de 20 ans, les prix de l'électricité domestique augmentent plus vite que l'inflation depuis 2009. On vous explique pourquoi.
Que demande le peuple ? Comparée à ses voisins d'Europe de l'Ouest, la France est, de loin, le pays où l'électricité est la moins chère. La preuve : en 2019, le prix, toutes taxes comprises, du mégawatt-heure (MWh) - soit l'équivalent de 1 000 kilowatt-heure, l'unité dans laquelle la consommation domestique est en général exprimée - y était, en moyenne, de 178 euros. Un chiffre bien inférieur à celui de l'Allemagne (287 euros), de l'Italie (236 euros), de l'Espagne (223 euros) ou du Royaume-Uni (205 euros), selon les derniers chiffres fournis par le Commissariat général au développement durable.
L'explication de cet écart tient en un mot : nucléaire. Le choix fait par les pouvoirs publics, après les chocs pétroliers des années 1970, de miser sur l'électricité nucléaire a permis de limiter l'exposition aux fluctuations du coût des énergies fossiles. Résultat : avec la montée en puissance des centrales, la France a connu, du milieu des années 1980 au milieu des années 2000, une quasi stabilité des prix de l'électricité (+2,6% seulement entre 1986 et 2007, selon l'Insee). Revers de la médaille : fin 2018, l'électricité nucléaire représentait encore 78% du mix énergétique fourni par EDF, contre 12% seulement pour l'électricité « verte », issue d'énergie renouvelable (solaire, éolien...).
« La valse des prix », notre série d'été
Retrouvez les précédents épisodes de notre série d'articles sur l'évolution des prix à la consommation depuis 20 ans :
- 20 ans de hausse vertigineuse des prix des cigarettes
- L'euro a-t-il fait flamber le prix de la baguette ?
- Immobilier : le m2 à Paris a autant augmenté que le paquet de cigarettes
- La PlayStation est-elle vraiment de plus en plus chère ?
- À plus de 15 euros la place, le cinéma est-il devenu un luxe ?
- Le prix du diesel a-t-il plombé le pouvoir d'achat des automobilistes depuis 20 ans ?
- Forfait mobile : de 25 euros l'heure en 2000 au tout illimité pour moitié moins en 2020
L'électricité à bas coût en déclin ?
Toutefois, plus le temps passe, plus ce particularisme s'atténue. L'écart du prix de l'électricité domestique entre la France et les autres pays de l'Union européenne diminue : de 28% en 2008, il est passé à 14% en 2019.
La raison en est simple : l'ère de l'électricité nucléaire à très bas coût semble avoir amorcé son déclin. Pour le montrer, nous avons remonté le temps et observé l'évolution du prix de l'électricité en France depuis 2007 : avant cette date, difficile de trouver des statistiques exploitables. Depuis, en revanche, le service des données et études statistiques (SDES) du Commissariat général au développement durable a publié chaque année le prix moyen du MWh payé par les ménages. Voici son évolution, hors taxes (HT) et toutes taxes comprises (TTC) :
La publication des ces statistiques n'est pas due au hasard : 2007, c'est en effet le début de la fin du monopole d'EDF sur la commercialisation de l'électricité et l'apparition des premières offres alternatives, dites « de marché ». On le constate toutefois : cette nouvelle concurrence n'a pas permis de faire baisser globalement le prix de l'électricité. Depuis 2008, il n'a même cessé d'augmenter, passant de 112 euros TTC le MWh à 177 euros en 2019. Depuis 2009, année charnière, sa hausse annuelle a même dépassé celle des prix à la consommation en général, comme le montrent les chiffres de l'Insee (1). Résultat : le poids de l'électricité dans les dépenses énergétiques des Français, hors carburants, a bondi de 42% en 2008 à près de 57% en 2016.
Vincent MIGNOT
Après une maîtrise d’Histoire puis une maîtrise en Sciences de l’information et de la communication, Vincent MIGNOT devient journaliste en... Lire la suite
© MoneyVox / VM / Août 2020